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Publié le lundi 2 avril 2018

Après la séance...

Echo singulier de la Journée CERA « Autisme et parentalité »

Un texte de Marie Izard-Delahaye

La journée CERA du samedi 10 mars 2018 a été une véritable scansion permettant que s’écrive ce qui aujourd’hui est au coeur de notre travail avec les autistes.

Journée riche, marquante.

Une grande place a été faite aux dits et écrits des autistes et de leurs parents ; Christiane Alberti a fait valoir l’autisme comme signifiant majeur, une cause digne d’être plaidée dans l’espace public au vu des carences relatives à l’accueil. Loin de la culpabilisation des parents largement attribuée aux psychanalystes, les parents sont reconnus comme des partenaires irremplaçables.

La première rencontre
Les professionnels mettent à l’honneur la première rencontre, véritable amorce d’un lien particulier entre l’enfant, mais aussi, précise Dominique Holvoët, entre les parents et nous.
Nous, c’est qui ? C’est l’institution, un « nous » qui doit prendre corps dans chacun des praticiens : une présence incarnée pour provoquer une bonne rencontre qui fasse surprise.
Dominique Holvoët nous a fait entendre l’attention portée au moindre détail, à tout ce qui peut faire signe pour cet enfant-là et qui pourrait dès lors constituer une marque signifiante.
Jean-Robert Rabanel évoque l’émerveillement du moment du transfert : il s’agit de faire sentir lors de ce premier entretien la possibilité d’une autre parole.

Intranquillité et invention des parents
Des parents ont témoigné de la façon dont ils ont pu passer de l’angoisse à une certaine intranquillité.
Une mère invente la formule qui lui permet de traiter l’impossible auquel elle est confrontée avec sa fille Zoé. La première toile de sa fille témoigne de son élan créatif, un souffle d’air et de vie, précise sa mère. Elle parvient à faire lien nouveau avec son enfant en se greffant sur le dispositif créatif de sa fille. L’appareil photo va permettre de régler une distance qui permet un partenariat plus pacifié entre mère et fille. Cette mère précise qu’un tiers désirant (l’analyste) a constitué et constitue encore et toujours l’appui nécessaire pour continuer à inventer elle-même son lien à sa fille.
J’ai été sensible à la manière dont chaque parent s’est senti convoqué comme partenaire, malgré une grande solitude. Ils nous apprennent sur leur enfant et sur la façon dont eux-mêmes ont appris de leurs enfants.
Souffrance et désarroi, mais aussi ténacité, courage et persévérance pour attraper un fil aussi mince soit-il. Un désir fort pour saisir cette part de vivant à partir de laquelle broder un trognon de lien va devenir possible.

Un combat
« L’enfant autiste nous réveille » affirme Gil Caroz : le réel de la structure ne peut être mis au pas et nous n’avons pas d’autre choix que d’être humbles ; c’est grâce aux petits détails, aux petites inventions que nous avons une chance de soutenir l’enfant et sa singularité. Le lien n’est pas là d’office entre un père et un enfant, une mère et son enfant, de même qu’entre professionnels et enfant et parents. S’orienter du réel pour soutenir les inventions du sujet nécessite d’avoir une connaissance intime de l’objet chu.
Il y a un combat poursuit Gil Caroz pour que « la poésie singulière de l’enfant autiste ne soit pas écrasée ».

Le 4e plan Autisme
Pour conclure, Eric Laurent nous apporte une bonne nouvelle : si ce 4e plan continue à mettre l’accent sur les approches comportementales, une diminution de l’accent mis sur le « tout ABA » est à remarquer ! Quelques « recommandations » sont déjà des voies empruntées depuis longtemps par les psychanalystes d’orientation lacanienne, par exemple, prendre appui sur les nouvelles technologies telles que tablettes et smartphones. Nous en soutenons déjà l’usage lorsque ces appareils permettent de traiter voix et regard par des façons nouvelles.

Pour conclure
Cette journée a fait valoir le CERA comme un « incubateur de startup », un incubateur d’initiatives singulières permettant le passage de la répétition au nouveau.
L’ACF-Normandie, déjà fort engagée sur la question de l’Autisme, continuera d’œuvrer pour participer à sa mesure aux travaux du CERA.
Il est à parier que des innovations se feront jour sous peu !

Marie Izard-Delahaye

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