Recherche

Par activités


Publié le dimanche 5 mai 2024

Cinéma-débat au cinéma Le Trianon

Dalva

Jeudi 23 mai 2023 - 20h - Verneuil d’Avre & d’Iton

L’association Chemins d’enfance, avec des partenaires à Verneuil d’Avre & d’Iton et le soutien des REAAP1 ,vous invite à une soirée cinéma - débat avec la projection du film

DALVA



Drame d’Emmanuelle Nicot - 2022 - 1h23

Synopsis  : à 12 ans, Dalva fait preuve d’un comportement inadapté pour une enfant de son âge, une situation qui ne tarde pas à inquiéter le personnel de son école, qui signale le cas aux autorités. Face à de terribles soupçons, un juge décide de retirer l’autorité parentale à son père qui l’élève seul. Déboussolée, Dalva se rebelle violemment contre un placement en foyer qu’elle estime injuste. Pourtant, aux côtés de Jayden, un éducateur à l’écoute, et de Samia, une nouvelle amie à fort caractère, Dalva parvient peu à peu à se reconstruire, comprenant progressivement qu’elle a été victime d’abus intolérables...

L’échange qui suivra la projection sera animé par Lucie Désert et Stéphanie Pourvu, psychologues cliniciennes. Leur expérience dans le domaine de l’aide sociale à l’enfance permettra de développer des points sensibles que ce drame soulève, et de répondre aux questions du public. Stéphanie Pourvu est aussi membre de l’association Chemins d’enfance.

Ainsi, comme le formule Solenne Froc2, un « dé-placement » de l’enfant est parfois nécessaire, lorsqu’il y a « péril en la demeure » ; si urgence il y a, le cas échéant, il reste que « le placement, qui protège l’enfant des mauvais traitements effectifs de sa famille, n’est pas suffisant pour que cesse le péril intime d’un sujet ». « L’éthique de la psychanalyse nous invite à ne pas considérer l’enfant placé comme seule victime de l’Autre, mais à lui restituer une dignité subjective en accueillant son savoir. (…) Comment lui permettre de se faire une autre place que celle d’être l’objet rejeté ou maltraité de l’Autre ? »

Voici en préambule quelques questions que nous ne manquerons pas de nous poser.
En vous disant à très bientôt pour cet échange !

Notes :
1 REAAP : Réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents de la CAF.
2 Solenne Froc, « Péril en la demeure. Dans le vif des pratiques avec les enfants placés et les familles » p. 7 - Actes de la journée du Centre inter-disciplinaire sur l’enfant, Alligny-en-Morvan, 24 septembre 2022 ; Nouvelle Imprimerie Laballery, Clamecy, Mars 2023


Dans l’après-coup de la soirée cinéma-échanges...

« Il y a péril en la demeure pour certains enfants » affirme Solenne Froc, dans un feuillet du CIEN1- ce qui nécessite ajoute-t-elle un « dé-placement, parfois urgent ».

Dalva, cette jeune fille que Emmanuelle Nicot met en scène dans son très beau film2, se compte parmi ceux-ci, précisément. À 12 ans, elle semble n’avoir ni père – si ce n’est celui qu’elle nomme « Jacques », ni mère – si ce n’est celle qui l’a laissée très jeune en quittant le domicile familial, et devant laquelle elle hurle : « Ce n’est pas ma mère ! »

Retirée violemment de chez « Jacques », -après un signalement du voisinage qui aboutira à une mise en accusation de ce père pour inceste et enlèvement d’enfant-, révoltée, Dalva refuse longtemps de voir ce dont le juge veut la protéger et qu’elle ne comprend pas. « Je ne suis pas une fille, je suis une femme ! » proteste-t-elle quand son éducateur refuse qu’elle aille, hyper maquillée à l’école, refusant de quitter cette robe sexy qui est un « cadeau » de son père …
Toute parole d’un tiers qui ne respecte pas le « temps pour comprendre » de ce sujet, fait effraction, et déclenche sa violence, contre les autres, et contre elle-même.

Dans le cadre du Foyer d’Aide Sociale à l’Enfance, avec l’appui du désir décidé des éducateurs de ne rien lâcher - mais non sans leur écoute qui sait s’articuler au plus singulier, qui prend en compte la souffrance et le désarroi de ces sujets qui n’ont pas eu d’enfance, peu à peu Dalva pourra se poser et devenir une jeune adolescente ; trouver un appui avec des pairs aussi.

Ses aveux pourtant - « J’ai peur d’être toute seule ; de ne plus jamais être importante pour personne ! » - la précipitent dans une confrontation avec une solitude radicale, où elle s’éjecte du monde pour fuguer et aller s’enfermer dans un placard au domicile paternel désormais déserté … avec ses doudous retrouvés. À ce point ultime, elle fait appel à la voisine, une mère de famille, chez qui elle trouve un nouvel abri ; là enfin, aux côtés d’une petite fille qui joue, déguisée en princesse, parée de semblants elle, et non identifiée à l’objet sexuel comme l’était Dalva, un pas s’est franchi. Elle sourit à l’éducateur venu la rechercher, et va pouvoir commencer un long chemin de reconstruction avec sa mère retrouvée, avec la place qu’elle lui offre, sachant lui faire signe, nouvelle place à laquelle Dalva a envie de consentir ; le film se suspens là où le procès s’ouvre : l’échange de regards avec cet homme qu’est son père, au banc des accusés, laisse entrevoir une nouvelle position subjective ; non plus objet livré à la jouissance d’un homme, elle peut s’avancer désormais comme sujet, soutenue par un désir qui lui ouvre de nouvelles perspectives.

Pour souligner ce que la réalisatrice sait, de façon magistrale, nous rendre sensible, je donnerai la parole aux auteurs de cette revue citée plus haut : « Une mesure de placement n’a de chance d’opérer que si l’enfant lui-même consent à un certain déplacement subjectif et à une certaine perte pour supporter un vivre ensemble. C’est donc, in fine, à l’enfant qu’il reviendra de se séparer de ce trop qui l’envahit, pas sans l’appui de quelques autres qui l’accueillent au quotidien de façon particularisée. Là où le placement objective l’enfant, comment faire émerger un sujet, une parole, une énonciation, une responsabilité chez ces enfants quant à la place qu’ils occupent dans le monde3 ? »

Il me reste à remercier chaleureusement Lucie Desert et Stéphanie Pourvu4, psychologues cliniciennes, orientées par la psychanalyse, qui ont animé l’échange qui a suivi la projection de ce film ; organisée par l’association Chemins d’enfance, à Verneuil d’Avre & d’Iton, cette soirée était soutenue par les REAAP, l’Interco Normandie Sud Eure, en coordination avec La Ruche & le Silo ; elle n’aurait pas été possible sans le soutien renouvelé de la Municipalité de Verneuil et son équipe du Cinéma menée par Didier Husson, adjoint à la Culture, que l’association remercie chaleureusement.

Laurence Morel, psychologue clinicienne
Membre de l’ACF en Normandie
Présidente de l’association Chemins d’enfance.

Notes :
1 Solenne Froc, « Péril en la demeure. Dans le vif des pratiques avec les enfants placés et les familles » p. 7 - Actes de la journée du Centre inter-disciplinaire sur l’enfant, Alligny-en-Morvan, 24 septembre 2022 ; Nouvelle Imprimerie Laballery, Clamecy, Mars 2023
2 Dalva, un film de Emmanuelle Nicot, mars 2023.
3 « Péril en la demeure » ; op. cit., p. 49
4 Stéphanie Pourvu est aussi membre du Conseil d’administration de l’association Chemins d’enfance


Jeudi 23 mai à 20h

Cinéma Le Trianon
108 rue du Canon
27130 Verneuil d’Avre & d’Iton
02 32 32 41 66

Consulter le plan d’accès »

Ouvert à tous
Entrée : 4 euros

Renseignements :
Laurence Morel 06 76 48 59 41


Revenir à l’Accueil du site ».
Accéder directement à l’Agenda ».