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1964 : Lacan a conçu dès l’Acte de fondation de son école le principe « d’une élaboration soutenue dans un petit groupe. Chacun d’eux (nous avons un nom pour désigner ces groupes) se composera de trois personnes au moins, de cinq au plus, quatre est la juste mesure. PLUS UNE chargée de la sélection, de la discussion et de l’issue à réserver au travail de chacun. »

C’est le 21 juin 1964 que Lacan a écrit ce texte, depuis nous savons que le nom de ces groupes d’études est celui de cartels, et qu’il ne va pas cesser jusqu’à la fin de son enseignement de dire l’importance de ce travail à plusieurs pour l’étude de la psychanalyse.

1980 : Lors de la dissolution de l’Ecole freudienne de Paris et la création de la Cause freudienne il s’adresse le 11 mars 1980 à ceux qui veulent faire partie de la Cause freudienne et qui n’ont pas été à l’Ecole freudienne de Paris : « Avec eux, sans délai, je démarre la Cause freudienne, et restaure en leur faveur l’organe de base repris de la fondation de l’Ecole, soit le cartel, dont, expérience faite, j’affine la formalisation.
Premièrement : Quatre se choisissent, pour poursuivre un travail qui doit avoir son produit. Je précise : produit propre à chacun et non pas collectif.
Deuxièmement : La conjonction des quatre se fait autour d’un Plus-Un, qui, s’il est quelconque, doit être quelqu’un. A charge pour lui de veiller aux effets internes à l’entreprise, et d’en provoquer l’élaboration.
Troisièmement  : Pour prévenir l’effet de colle, permutation doit se faire, au terme fixé d’un an, deux maximum.
Quatrièmement : Aucun progrès n’est à attendre, sinon d’une mise à ciel ouvert périodique des résultats comme des crises de travail.
Cinquièmement : Le tirage au sort assurera le renouvellement régulier des repères créés aux fins de vectorialiser l’ensemble. »

1994 : Les cartels fonctionnent à l’Ecole de la Cause Freudienne mais J.-A. Miller constate en 1994 un manque d’enthousiasme vers le cartel dans l’ECF et il reprend l’histoire du cartel : « La première (remarque) porte sur l’actualité du petit groupe en 1964, au moment où Lacan créait sa première Ecole. A l’époque, l’idée du travail en petits groupes, de formation à partir du petit groupe, avait été mise à l’ordre du jour, à la Sorbonne, par les étudiants en Lettres, spécialement par leur syndicat – syndicat d’agitateurs, non de gestionnaires –, la F.G.E.L., la Fédération Générale des Etudiants en Lettres, qui avait promu la nécessité de ce qu’ils appelaient des G.T.U., des groupes de travail universitaire, invitant les étudiants à travailler ensemble, sur une base égalitaire, sans les « profs » ou avec le moins de « profs » possible, manière de s’opposer au cours magistral, pratique tenue pour réactionnaire. II y avait dans cette proposition comme les prodromes de Mai 1968. L’idée d’une formation en petits groupes au lieu du cours magistral, ou à côté du cours magistral, participait déjà du mouvement antiautoritaire. Le pro-cartel est antiautoritaire. On l’a vu en 1979-80, lors de la dissolution de l’EFP qui commença par un renouveau de l’intérêt pour les cartels. Ma seconde remarque est que le cartel incarne une thèse de la théorie des groupes – à un groupe, il faut un leader, tout groupe a un leader. Cette thèse peut s’inscrire selon les formules de la sexuation mâle (…) L’idée de Lacan avec le cartel est à la fois que rien ne sert de nier le fait du leader mais qu’on peut l’amincir au lieu de le gonfler, le réduire au minimum, en faire une fonction, permutative qui plus est. »
« Pour l’exécution du travail, nous adopterons le principe d’une élaboration soutenue dans un petit groupe » écrit Lacan – commentaire de J.-A. Miller : « Le cartel, qui est ce petit groupe, est un moyen pour exécuter un travail. Ce n’est pas une fin en soi-même. Oui, mais ce n’est pas non plus exactement un moyen. Lacan dit plutôt que c’est le moyen, et non pas pour exécuter un travail, mais pour exécuter le travail. Le moyen pour exécuter le travail – avec l’article défini. Cette phrase, si on s’y arrête, dit que le travail de l’Ecole passe par le cartel. Lacan ne dit pas : « Pour l’exécution du travail, nous adopterons le principe d’une élaboration soutenue dans des séminaires, des cours, des conférences, des Journées d’études ». II dit : « Nous adopterons le principe d’une élaboration soutenue dans un petit groupe. » L’Acte de fondation est sous l’égide du travail. Mais qu’est-ce que Lacan appelle le travail de l’Ecole ? C’est un travail – « qui, dans le champ que Freud a ouvert, restaure le soc tranchant de sa vérité – qui ramène la praxis originale qu’il a instituée […] dans le devoir qui lui revient en notre monde – qui, par une critique assidue, y dénonce les déviations et les compromissions. » Autrement dit, l’exigence éthique, épistémologique, aléthique, praxéologique, que Lacan fait entendre est censée s’accomplir par un travail, qui est le travail de l’Ecole, et ce travail passe par le cartel – non par le séminaire, la conférence, le cours. […] le cartel, tel que Lacan l’apporte dans l’Acte de fondation, est une machine de guerre contre le didacticien et sa clique – comme Lacan en emploie ailleurs l’expression. Cela fait bien voir la parenté du cartel et de la passe. La passe, comme le cartel, est, du point de vue institutionnel, une machine anti-didacticiens. L’Ecole, avec son cartel, et sa passe, est un organisme qui vise à arracher la psychanalyse aux didacticiens » écrit J-A Miller en 1994, nous étions alors dans un contexte qui a précédé une crise dans l’Ecole.

2016 :Aujourd’hui les cartels de l’ECF ont toute leur place mais il peut y avoir quelques malentendus dans la constitution d’un cartel, il n’y a pas par exemple de liste de Plus-Uns, pas de gradus dans le savoir. Les quatre demandent à un « quelconque » dit Lacan qui doit être « quelqu’un », de bien vouloir prendre la responsabilité d’être Plus-Un d’un cartel, d’être quelqu’un qui « veille » à ce que cela fonctionne et « aux effets internes de l’entreprise ». Donc la fonction Plus-Un s’incarne, il s’agit de veiller à ce que l’on arrive à se retrouver et provoquer l’élaboration de chaque membre du cartel, soutenir l’écriture d’un texte ou d’une intervention. Le plus souvent on commence par discuter à quatre pour choisir un thème de travail et ensuite on choisit avec qui on a envie de travailler en tant que Plus-Un ou bien l’on choisit avec le Plus-Un le thème du travail du cartel et ensuite chacun choisit un thème particulier dans le cadre du thème général du cartel.
Souvent les liens créés dans un travail en cartel durent, il s’agit de ne pas rester collés selon l’expression de Lacan mais au contraire de rendre ce mode de travail dynamique. Quand Lacan dit qu’aucun progrès n’est à attendre sinon des mises à ciel ouvert périodique des résultats comme des crises de travail, j’y entends que les intercartels sont le moment d’exposer les résultats d’un travail au un par un.

L’ECF a été très attentive aux cartels depuis sa création, nous avons vu des modalités différentes des cartels et ils se sont renouvelés en gardant le cap que Lacan avait fixé : ils ont été cartels fulgurants, cartels d’enseignement, cartels évènements, cartels tout simplement et inscrits à l’ECF, dans un lien de transfert à la transmission de la psychanalyse telle que l’Ecole de la cause freudienne le soutient.

Un autre malentendu est à lever, il n’est pas nécessaire d’avoir une pratique clinique pour s’inscrire dans un cartel, il n’est pas nécessaire d’avoir déjà un savoir sur la psychanalyse ni d’avoir fait une longue analyse pour s’inscrire dans un cartel, mais on voit souvent se dessiner le désir de travailler en cartels chez les jeunes analysants. La curiosité vers le savoir tel que transmis par la psychanalyse est requise, c’est un savoir troué, marqué du manque, décomplété, toujours à renouveler, ce n’est pas le savoir universitaire. Le cartel est une modalité d’entrer dans l’enseignement de Freud et de Lacan que Lacan a inventée et promue – faisons-lui confiance. Le cartel est une pratique à plusieurs, s’y essayer amène souvent satisfactions et trouvailles, écrire est une étape supplémentaire. « Cartello » que vous pouvez consulter sur le site de l’ECF est l’organe proposé par l’ECF pour recueillir les travaux des cartellisants.

Marie-Claude Sureau, ancienne déléguée aux cartels de l’ECF pour la Normandie

Déléguées aux cartels pour l’ACF-Normandie : Laurence MOREL et Manuela BATY
Contacter la déléguée aux cartels par courriel

Cliquer sur l’image ci-dessous pour accéder directement à Cartello, le bulletin des cartels de l’ECF.

Pour en savoir plus sur le travail en Cartel et son principe, on peut se rendre à la Rubrique Cartels du site de l’ECF, mais aussi télécharger ci-dessous les textes qui fondèrent le Cartel et son principe.

Télécharger les textes fondamentaux :




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