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Publié le samedi 30 juillet 2016

ACF-Normandie 2016-17

L’enfant et la création : quels partenaires pour inventer le singulier

Vendredi 23 septembre – 9 h (horaire modifié)-17h – La Guéroulde (27)

L’Association Cause Freudienne en Normandie vous invite à une journée de travail le vendredi 23 septembre de 9 h (horaire modifié) à 17h à La Guéroulde dans l’Eure :

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« Abracadabra ! », Voilà une formule qui nous projette vers la dimension créative de l’enfant et de celui qui l’écoute. Elle fait rêver, elle est magique. D’origine Araméenne, signifiant « je créerai d’après les paroles », elle ne peut pas mieux dire ce qui nous intéresse : la créativité. Comment l’enfant, l’adolescent se saisit-il de cette créativité, qu’elle lui soit proposée ou qu’elle émane du sujet ? Qui peut se faire partenaire de cette expérience ?

Si l’on suit cette voie, cela voudrait-il dire que la parole est au coeur de toute créativité ? Il arrive très souvent que l’enfant témoigne par le jeu, le dessin, la mise en scène, de son désir de faire entendre ce qui résonne profondément en lui, son symptôme. Chaque acte, qu’il soit parole ou comportement, est l’expression d’une singularité qui ne cherche qu’à être entendue. Le corps s’agite, et comme le dit Lacan « les pulsions sont l’écho dans le corps du fait qu’il y a un dire ». Un dire qui ne peut se mettre en mots, qui demande quelques détours, quelques inventions, pour que dans son style, puisse s’engager l’expression d’un sujet dans toute sa singularité.

Cette journée nous permettra d’entendre des témoignages, qu’ils émanent de trajets personnels ou de pratiques de professionnels. Ils nous transporteront sur la voie des inventions propres à chacun où la créativité est au coeur de la pratique : Qu’elle témoigne d’un lien entre parents et enfants, qu’elle permette à un enfant autiste de trouver sa place à l’école, qu’elle soit représentée par un lieu atypique où l’art est au coeur de l’accueil qui est fait à l’enfant comme nous le rapportera l’expérience de La Source à la Guéroulde, qu’elle soit au coeur de ce qu’il y a de plus intime chez un sujet tel qu’en témoignera Danielle Zerd, artiste, nous verrons en quoi la créativité, à l’époque du « tous pareil », revêt un caractère fondamental dans la construction singulière d’un sujet. Marie-Claude Sureau, avec l’éclairage de la psychanalyse, nous parlera de ce sujet. Nous verrons qu’il existe de multiples façons d’user de son art de la rhétorique ou de son savoir y faire pour faire vivre la part de son propre désir et la transmettre, à l’occasion.

<center><big>Dans l'après-coup...</center></big>

C’est sous un soleil rayonnant, dans ce lieu inédit qu’est La Source à La Guéroulde, au sud de l’Eure, que s’est tenu la journée organisée par l’ACF Normandie : « L’enfant et la création : quels partenaires pour inventer le singulier ? » . Préparé par Catherine Schvan et Laurence Morel, psychologues au Centre médico psychologique pour enfants & ado de Verneuil-sur-Avre, et avec la participation de l’équipe de ce CMP, il a accueilli soixante personnes et fut un vif succès de par la richesse des échanges qui s’y sont tenus.

Nous avions souhaité placer cette journée sous l’égide de l’enfant et de ses partenaires, dans ce rapport à la création, la créativité, à l’invention. Pour cela, nous avions convié des cliniciens, des artistes, des psychanalystes, invités à témoigner, chacun à leur façon, de leur expérience, apporter des éclairages à nos questions.

Trajets d’artistes, inventions, réflexions orientées par la psychanalyse freudienne et lacanienne, expériences cliniques ont tour à tour ponctué cette journée, la colorant d’accents divers et laissant place aux surprises ; ainsi, sur le temps de la pause de midi, Aurélien Boiffier artiste à La Source nous a présenté son travail avec les enfants au sein d’ateliers dans ce lieu, ainsi que deux de ses œuvres : « Vautour » et «  La Loba » - présentation qui a suscité de nombreuses questions et une discussion soutenue.

François Louvard, directeur de La Source, a ouvert la série des interventions de cette journée en expliquant comment ce lieu s’est créé il y a vingt-cinq ans, sous l’impulsion du peintre et sculpteur Gérard Garouste, qu’un éducateur aux prises avec des enfants en difficulté avait alerté. Il s’agit ici dit-il de « redonner confiance à l’enfant, et de favoriser son lien avec sa famille ». Les effets ne se font pas attendre : « Après la rencontre avec un artiste, très rapidement, les enfants s’impliquent dans le travail à produire » soulignait-il encore.

Danielle Zerd, artiste sculpteur qui avait précédemment exposé son travail dans les locaux du Conseil Départemental de l’Orne, a quant à elle admirablement dévoilé combien, rencontrer un Autre qui su l’entendre au cours de son adolescence, a marqué à tout jamais son être et son devenir ; cet Autre, en l’occurrence un Juge pour enfants, sut entendre l’appel qu’elle lui avait lancé, et reconnaître dans ses « petits bricolages », talent et invention féconde. À Catherine Schvan qui l’interviewait sur la question de la sublimation à l’œuvre dans son travail d’artiste, Danielle Zerd a pu exprimer combien grâce à son art elle a su « donner forme à sa colère d’enfant », « sublimer une pulsion qui aurait pu être destructrice ». Elle nous a longuement parlé des ateliers qu’elle mène aujourd’hui, pour, à son tour, tendre la main à des enfants placés à l’Aide Sociale à l’Enfance et leur faire signe.

L’après-midi a fait monter sur la scène quatre cliniciennes, invitées à nous parler des trajets de trois enfants à leurs cotés. Antoine fut le premier ; grâce à sa rencontre avec Marie-Annick Dion1 et cet autre lieu d’inventions, Geppetto, que les Normands connaissent bien2 - il veut maintenant se faire connaitre sous son vrai nom : Arthur Allix. Il charge dorénavant sa partenaire Geppettiste3 d’aller accrocher son message sur la Toile, pendant que lui-même part faire le tour du monde, afin de faire savoir ce que c’est que de vivre avec un syndrome d’Asperger !
Puis ce fut le tour de Dominick, jeune garçon qui a pu apaiser son agitation - celle qui faisait de lui un petit compagnon plutôt redouté par ses pairs- , en prenant goût à un travail d’artiste au sein d’un atelier d’art-thérapie mené par Carole Gesnouin. Il invente sa façon de peindre, son style, ce qui amène sa thérapeute à l’orienter sur la trace de Rothko4.
Quant à Lola : quel trajet -là encore- pour cette jeune enfant jusqu’à ce qu’elle émerge comme sujet ! Claire Dufaure, orthophoniste, et Ludivine Le Notre, psychologue, ont su nous rendre sensible le travail de cette petite fille sur plusieurs années, passant d’un statut d’enfant « sans corps » (d’avant le stade du miroir comme l’a souligné Marie-Hélène Doguet), animée par le seul collage au corps de son Autre maternel, à une enfant enfant qui se fait sujet, qui peut prendre la parole et se faire entendre. Elles nous ont rendu palpable l’invention nécessaire de leur part et l’offre faite à l’enfant, -en l’occurrence participer à un atelier contes- mais aussi leur pas de côté afin que cette enfant accède à une image d’elle-même…

Avant cette séquence clinique, et pour clore nos échanges de la matinée, Marie-Claude Sureau, membre de l’ACF Normandie et de l’ECF, avait choisi de questionner le thème de cette journée grâce au nœud formalisé par Jacques Lacan, nœud qui fait tenir un sujet en nouant « borroméennement » l’imaginaire, le symbolique, et le réel. Dans un exposé d’une grande clarté, elle nous a conduit jusqu’au symptôme, 4e noeud souvent nécessaire, ce « petit bricolage » auquel les enfants dont nous avons entendu parler, mais aussi bien les grandes personnes que nous sommes, ont parfois recours pour inventer des solutions aux impasses rencontrées à tel ou tel moment de l’existence. Illustrant ses propos d’exemples cliniques, elle a permis à l’auditoire d’apercevoir combien le jeu de l’enfant est un travail sérieux, ses bricolages des inventions singulières à valider, auxquels la rencontre avec un Autre qui sait entendre donnera toute sa consistance. Soulignant la démarche « singulière » de Danielle Zerd, Marie-Claude Sureau a fait valoir le savoir-faire de l’artiste, qui à partir de ce qui cloche dans l’enfance, trouve à en faire l’os de sa vie ; c’est là « le point de rebroussement du symptôme » a t’elle expliqué, ce que Augustin Ménard formule ainsi : « Ce point de rebroussement, c’est la rencontre d’un réel qui impose une invention, car au-delà il n’y a plus de mode d’emploi.5 »

Enfin, ce colloque faisait un petit clin d’œil à un autre colloque, antérieur, de l’ACF Normandie et qui s’était aussi déroulé dans l’Eure à Evreux, il y a vingt ans. Intitulé : « L’art entre symptôme et sublimation », le Letterina archives 4 s’en faisait à l’époque l’écho6. Lilia Mahjoub y distinguait création, créativité, sublimation, trouvailles, dans le rapport à l’œuvre d’art, et l’on pourra « retrouver » avec intérêt cette lecture, avec également des articles de M.-C. Sureau, M.-H.Doguet, C. Bognar, J.-L. Woerlé, J.-L. Garcia Castellano, E. Blumel, etc … !

Cette journée de travail, à la fois studieuse et conviviale, a éclairé en quoi le plus singulier de chacun peut, dans la rencontre avec un Autre attentif et averti, devenir un formidable vecteur pour le désir. Elle contribue aussi à soutenir le désir de travailler à plusieurs, celui de se faire partenaires de l’enfant et sa famille, et bien d’autres choses encore. Partager ces échanges avec les membres de l’équipe de La Source, avec qui nous avons d’abord préparé ce colloque, et qui ont ensuite suivi nos travaux au long de cette journée, fut un réel plaisir et nous les en remercions vivement !

Laurence Morel et Catherine Schvan

Notes :
1 Marie-Annick Dion a publié l’histoire de cette rencontre avec Antoine dans : Petit traité d’Antoinologie, Coll. Témoignage, Christophe Chomand Editeur.
2 GEPPETTO, association fondée par Marie-Hélène Pottier à Rouen
3 Nom donné aux intervenants travaillant à GEPPETTO
4 Rothko, peintre dont M.-C.Sureau nous a fait savoir qu’ Eric Laurent parle dans son nouveau livre :L’envers de la biopolitique
5 Augustin Ménard, Le symptôme ; entre Amour et Invention. Ed° Champ social, Nîmes 2016
6 L’art entre symptôme et sublimation ; une approche psychanalytique. Archives 4 de l’ACF Normandie, octobre 1996

PROGRAMME :

9h Accueil
Café - Visite libre de l’exposition sur le site de la Guéroulde

9h30 Catherine SCHVAN, psychologue CMP enfants de Verneuil-sur-Avre
« L’enfant, un être singulier »

9h45 François LOUVARD, directeur de La Source
« Histoire de ce lieu, le travail des enfants avec les artistes, les ateliers enfants-parents »

10h30 Danièle ZERD, artiste sculptrice
Table ronde :
« L’art, moyen d’exprimer sa vérité, et pour vivre avec les autres »

11h30 Marie-Claude SUREAU, psychanalyste, membre de l’Ecole de la Cause Freudienne (ECF)
« Un enfant ça ne cesse pas de créer : ...des problèmes, des symptômes, des histoires, des théories, des fictions... »

Discussions - Questions

Pause Déjeuner 13h - 14h30
Visite de l’exposition et présentation d’ateliers par un artiste de La Source

Attention : pas de restauration prévue mais la liste des restaurants vous sera fournie sur demande ; et si le temps le permet, il sera possible de pique-niquer...!

15h Laurence MOREL, psychologue CMP enfants de Verneuil-sur-Avre, Membre de l’ACF-Normandie
Ouverture des travaux de l’après-midi :
« Quel partenaire pour l’enfant et ses parents ? »

15h15 Marie-Annick DION, art-thérapeute
« Petit traité d’Antoinologie »

15h45 Carole GESNOUIN, infirmière et art-thérapeute
« Dominick, du « peintre en bâtiment » à l’artiste »

16h15 Claire DUFAURE, orthophoniste, et Ludivine LENOTRE, psychologue au CMP de Verneuil
« Lola et la poupée comme image du corps »

17h CONCLUSION

Vendredi 23 septembre – 9h-17h

Salle studio à La Source
1 rue de la Poultière
27160 La Guéroulde

Consulter le Plan d’accès »

Entrée : 15 euros
Etudiants : 8 euros
Formation permanente : 25 euros

Contacts et réservation :
Laurence Morel

Catherine Schvan

Danièle Zerd, Les trois âges (bronze) – Photo David Commenchal

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