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Publié le jeudi 28 septembre 2023
Séminaire Janus « Lacan pour tous » – 2023-24
Alpha plus Bêta, un lieu pour parler de la théorie : « L’incongru qui interprète ou pas. Quelle interprétation dans les pratiques de parole ? »
Les mercredis 22 novembre, 20 décembre 2023, 24 janvier, 27 mars, 17 avril, 29 mai 2024 -20h30 - Visioconférence

Le Séminaire Janus comporte Alpha plus Bêta : un lieu pour parler de la théorie et Schmilblick, un lieu pour parler des pratiques. Alpha plus Bêta et Schmilblick ne sont pas symétriques l’un de l’autre...
La théorie psychanalytique ne constitue pas un ensemble fermé, un tout dogmatique, mais au contraire un ensemble ouvert (sans totalité), toujours remanié par l’opacité ou le réel qui aimante la pratique. L’enseignement de Lacan est radical parce qu’il met la faille entre théorie et pratique1 au cœur de l’élaboration de l’expérience analytique – cette faille traverse la théorie elle-même, qu’on la nomme sujet, manque, trou, objet a, jouissance etc. Au fond cette faille est liée à l’incidence du langage en tant que tel, elle est liée à l’impact du signifiant sur les corps parlants et les développements logiques qui en sont la conséquence.
Voilà le point de départ de la pratique et de la théorie psychanalytiques. Parler de logique signifiante vient déplacer la question des rapports entre théorie et pratique ; elle nous met sur la piste de la lecture et de l’écriture. Qu’est-ce qui se lit dans une pratique ? Qu’est-ce qui peut s’en écrire ? Quels sont les liens entre la lecture et l’écriture ? Entre l’opacité et le sens ? C’est à partir de la parole et du signifiant qu’une pratique qui a pour boussole la psychanalyse peut opérer, avec l’éthique du bien-dire, même si le praticien s’oriente, lui, à partir de ce qui résiste au sens, de ce qui fait opacité.
Nous vous proposons de venir parler de théorie à partir de ce point de départ. Pour cela, chaque soirée sera animée par un binôme. L’un aura écrit le texte d’un cas ou d’une situation issue de sa pratique, l’autre l’aura lu et de sa lecture découlera un premier travail en commun ; ils nous en livreront le résultat qui mettra en exergue les concepts permettant une lecture du cas ; ceci rendra possible une conversation autour de toutes ces élucubrations.
Alpha plus Bêta s’adresse à tous ceux qui sont taraudés par leur pratique et la tentative de l’éclairer, d’en rendre compte, et plus particulièrement aux jeunes praticiens, et aux moins jeunes ! Alpha plus Bêta s’adresse aussi aux étudiants et à tous ceux qui s’intéressent à l’enseignement de Lacan, et se demandent comment… le lire !
Le Séminaire Janus comporte, outre Alpha plus Bêta, Schmilblick , un lieu pour parler des pratiques, qui n’a pas lieu le même jour. Schmilblick n’est pas symétrique d’Alpha plus Bêta ; tous ceux qui participent à Schmilblick sont invités à venir à Alpha plus Bêta, l’inverse n’est pas proscrit mais n’est pas prescrit non plus ! A chacun de faire selon son goût !
Marie-Hélène Doguet-Dziomba
Note :
1 Notre époque psy, celle du DSM, se veut « athéorique », aspirant à dissoudre le champ de la clinique dans des listes syndromiques sous la férule des « preuves scientifiques » souvent assimilées à des chiffres voire des algorithmes. Ces listes « athéoriques » sont d’une autre nature que ce que Lacan appelait « l’enveloppe formelle du symptôme », elles sont déconnectées du réel de chaque patient, et méconnaissent la logique signifiante qui donne son armature structurale à chaque cas. Elles laissent de côté le rapport complexe entre théorie et pratique. Car une pratique est toujours sous-tendue par une théorie qui n’a pas besoin d’être éclairée pour avoir des effets ; et une pratique s’inscrit toujours dans un discours qui lui donne son cadre ; quant à la théorie d’une pratique, elle suppose toujours un certain usage du concept, un « mésusage » selon Lacan, si l’on considère que jamais un concept n’abolira le réel en jeu dans la pratique.
Nous allons poursuivre le Séminaire en gardant notre formule : un texte présenté par un praticien d’orientation lacanienne, travaillé en amont et en binôme avec un « lecteur », pour en extraire une première étude nouant théorie et pratique, centrée sur ce qu’il s’est passé d’effectif lors des rencontres avec le patient. Ce texte sera adressé aux participants avant la séance afin de favoriser la conversation lors de celle-ci.
La thématique retenue comme fil rouge pour cette année sera une interrogation sur l’interprétation, objet des prochaines J53 de l’ECF. Nous pourrons nous appuyer sur le texte de Jacques-Alain Miller, datant de 1996, « L’interprétation à l’envers1 ». Dans ce texte, Jacques-Alain Miller souligne l’impasse « d’unilatéraliser l’interprétation du côté de l’analyste, comme son intervention, son action, son acte, son dit, son dire », alors que l’interprétation est incluse dans le concept même d’inconscient : l’inconscient est interprétation et il veut être interprété, à l’instar du désir inconscient du rêve qui est « désir de prendre sens ».
J.-A. Miller pose la question, dans ce texte, de ce que serait une « interprétation » dans une pratique qui vise dans le sujet le symptôme, non conçu comme un message refoulé à déchiffrer, mais comme un « phénomène élémentaire » révélant « une opacité irréductible dans la relation du sujet à lalangue », autrement dit dans ce qu’aura été pour le sujet la rencontre de jouissance avec les signifiants primordiaux S1, avant que ceux-ci n’aient pris forme d’inconscient, c’est-à-dire d’une articulation S1-S2 qui leur donne sens. J.-A. Miller nomme cette « interprétation » visant la jouissance du symptôme, l’interprétation « à l’envers » (de l’inconscient, si nous concevons l’inconscient à partir de l’articulation langagière S1-S2).
Dans la pratique d’orientation lacanienne, nous pouvons appréhender « l’opacité » du symptôme à partir du surgissement de « l’incongru » dans les pensées, dans le corps ou dans les conduites du patient tel qu’il en fait part au praticien ou tel qu’il en fait monstration – quelles formes prend cet incongru, comment est-il rejeté ou dénié, comment le praticien l’accueille-t-il, et en quoi cet incongru est-il ou pas une interprétation pour le patient ? Comment cet incongru prend-t-il sens ou pas ? Peut-être même que c’est la façon dont le praticien accueillera cet incongru qui le rendra incongru pour le patient ? En tout cas c’est à partir du traitement de l’incongru que nous tenterons de cerner ce qu’il en est du symptôme dans chacun des sujets et comment l’action ou le dire du praticien aura permis d’introduire du nouveau dans la position du sujet. Toutes ces questions permettent en effet de dégager une orientation dans la direction des rencontres que nous vous proposons d’explorer cette année.
Marie-Hélène Doguet-Dziomba, responsable du Séminaire
Note :
1 J.-A. Miller, « L’interprétation à l’envers », 7 Mars 2021, Nouvelle Série L’Hebdo-Blog 230
Mercredi 22 novembre :
Séance animée par Marie-Hélène Doguet-Dziomba et Catherine Grosbois
Le texte de Catherine Grosbois nous permet de poser quelques jalons sur le thème de l’interprétation. Tout d’abord Catherine nous montre avec précision comment elle a accueilli Lily accompagnée de sa « tata » (famille d’accueil) ; d’emblée c’est au « sujet » dans Lily qu’elle s’adresse pour lui faire signe ; elle gronde la scie qui fait « des bêtises », marquant un écart entre Lily et le signifiant « bêtise » dont Lily s’empare pour dire « j’ai fait des bêtises », elle isole le signifiant « biberon » que Lily a jeté, ce qui amène au premier plan le placement (pour « carence » et « maltraitance ») et la mère éloignée, « elle est loin maman ? » dit Lily en même temps qu’elle laisse tomber des roues ; ses énoncés ne valent pas tant pour leur suite qu’en tant qu’ils se déposent dans un lieu vidé du sens commun où peut se brancher le circuit de la parole « sous transfert ».
Comme l’écrit Catherine, Lily se montre ainsi capable « de faire quelque chose de ce qui lui est dit, et surtout de prendre en compte nos réponses à ce qu’elle dit elle-même, que nous tentons d’écouter pour faire signe au sujet qui s’y manifeste. » Cet « entretien préliminaire » marque l’entrée de Lily à l’Hôpital de Jour. Catherine ajoute : « Mais elle parle rarement, et surtout pour dire que non. Son corps ne semble pas lui appartenir et parfois elle le maltraite se donnant des claques, ou maladroite, elle se cogne. »
Le deuxième temps interprétatif peut être qualifié d’une lecture rétroactive que Catherine fait d’une séquence à l’HDJ et de ses suites (jusqu’alors non sues) : après une séquence complexe dans la pataugeoire avec des transvasements, des bacs de tailles différentes, la présence dans l’eau d’une soignante, Lily loge brièvement son corps dans le bac, avec satisfaction. Il s’ensuivra, dans sa famille d’accueil, une encoprésie et un étalement sur les murs de ce qui est sorti de son corps (la « bêtise »). La lecture de Catherine est la suivante : un débordement de jouissance sous la forme d’un « trop de plaisir ou d’un trop de peine » crée les conditions du symptôme (ici l’encoprésie et l’étalement sur le mur). Ce point est crucial dans l’orientation qu’il éclaire ; ici ce n’est plus seulement le « sujet » dans Lily qui est convoqué, c’est Lily comme « parlêtre » qu’il s’agit de soutenir : le « parlêtre » Lily inclut la jouissance du symptôme et le « dire » qui s’en extrait…possiblement.
Ce que démontre le troisième temps de l’interprétation, cette fois du côté de Lily. Une fois le symptôme situé, ce sont les temps élargis avec le père et le retour concret de la mère qui viennent au premier plan. Lily s’autorise à parler d’un « cauchemar » à répétition dans lequel une mère frappe et jette son bébé dans l’escalier. Puis elle fera part de conduites abusives de son père et de son refus de voir sa mère en photo et en vrai. Elle livre à Catherine son interprétation : je n’ai ni papa ni maman, tonton et tata « ça suffit ».
Il est intéressant de souligner un quatrième temps en forme d’épilogue, alors que Lily quitte l’HDJ. Catherine, dans l’après-coup de l’interprétation de Lily, mène une enquête rétrospective sur les conditions initiales du placement. Elle y découvre les signes somatiques de la maltraitance dont Lily a été l’objet et l’hypocondrie délirante du père dans laquelle elle a été incluse (laxatifs etc.). L’équipe était dans l’ignorance de ces faits, mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel est qu’un dire de Lily ait pu advenir – grâce à la lecture attentive par Catherine et l’équipe de l’HDJ du symptôme de Lily tel que le transfert a permis de le constituer comme tel.
Marie-Hélène Doguet-Dziomba
Ce séminaire est organisé sous la responsabilité de Marie-Hélène Doguet-Dziomba.
Il aura lieu les mercredis 22 novembre, 20 décembre 2023, 24 janvier, 27 mars, 17 avril, 29 mai 2024 à 20h30.
Ces séances auront lieu en visioconférence.
Participation aux frais : 5 € par soirée ou 25 € pour l’année et pour l’ensemble des séminaires proposés par l’ACF-Normandie. Réduction de 50 % pour les étudiants.
Contacter Marie-Hélène Doguet-Dziomba pour obtenir des renseignements et s’inscrire
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