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Publié le lundi 11 février 2019

Une projection-débat organisée par Arts-Connexion

Coby

Vendredi 1er mars – Mont-Saint-Aignan

Réalisé en 2017, Coby raconte l’histoire d’une jeune fille qui choisit de devenir un homme. Christian Sonderegger a rencontré les parents de Coby, sa petite amie, son frère, ses collègues. Il laisse entendre la voix de son protagoniste muer au long de son parcours de transition. Loin de tout sensationnalisme, ce documentaire retrace avec tendresse et simplicité la singularité d’un choix assumé. Coby est un portrait, il dépeint non seulement une personne en devenir mais le contemporain tel qu’il est en train de s’écrire. Faire la connaissance de Coby, c’est donc accepter de questionner nos évidences sur la masculinité, la féminité, le genre et la sexualité.

La projection sera suivie d’un débat : une occasion de repenser nos corps et la perception que nous en avons. Le réalisateur Christian Sonderegger dialoguera avec le psychanalyste et philosophe Fabrice Bourlez, auteur de Queer psychanalyse, Clinique mineure et déconstruction du genre, Hermann Editeurs, Paris, 2018.


Après la séance...

« Il n’y a pas de problème avec Coby : c’est la révélation du film » nous dit le réalisateur Christian Sonderegger. Il a fait un film sur la transition F to M de Coby, son petit frère de vingt ans qui donc avant s’appelait Suzanne. Pour tenter de comprendre « l’origine du problème », il a empilé des heures d’entretiens, filmé des situations bien réelles traversées par Coby et son entourage, à la recherche du pourquoi plus que du comment. Et voici ce qu’il a découvert : « Ma recherche était fausse : dès qu’on sort de la norme en rose et bleu, Coby n’a aucune raison d’avoir des problèmes. » Ce qui va à l’encontre de la dramatisation quasi systématique autour du changement de genre.

Pas d’images spectaculaires donc, de terrible drame familial ou de corps suppliciés, non, ce que souhaitait le réalisateur, c’est « nous prendre par la main pour nous faire entrer dans cet univers », en douceur, en paroles surtout et en prenant le temps, mais sans éluder le réel complexe qu’implique un changement de sexe. Il a volontairement attendu cinq ans après la transformation de Coby pour faire son film, le temps de la réflexion, le temps de trouver la bonne distance. Il nous propose de cheminer sans vertige sur la bande de Moebius que constitue ici le passage incessant du féminin au masculin, le regard de Coby planté droit dans nos yeux. Car Coby s’interroge en direct avec ses vidéos postés sur YouTube , véritable journal intime de son « passing », au plus près des corps et au carrefour de la science et de l’aventure intérieure.

On comprend, en écoutant ses parents, que Coby a été élevé d’une façon libérale, par exemple sans avoir été à l’école, qui se faisait à la maison. On peut s’interroger sur le rôle qu’a joué cette éducation, sans le bain social normatif qu’implique nécessairement la construction de l’identité sexuelle à l’école. Ce que l’on entend fort bien c’est que Coby était plutôt du côté du garçon manqué au fort caractère, aux fréquentes colères, « malheureux » dit son père, et qu’à l’adolescence son malaise s’est joué dans le miroir où, dit Coby, il ne se reconnaissait plus. Une fois passé le choc de l’annonce, sa mère quant à elle fait peu à peu le deuil de sa fille pour accompagner Coby dans sa décision radicale, lui assurant un amour et un soutien sans faille. Au regard de nombreux témoignages de personnes trans qui évoquent des parcours jalonnés de violence, d’intolérance et d’une grande souffrance, le cheminement tranquille de Coby ouvre sur un paysage où s’efface la dualité homme-femme dans une fluidité exemplaire. Nous découvrons Coby en couple avec une jeune femme, qui le soutiendra activement dans son « passing », pour apprendre qu’aujourd’hui il vit avec un homme et, loin des premières caricatures de virilité qu’il revendiquait au sortir de l’adolescence, se reconnait en tant que personne trans, assumant le féminin et le masculin en lui.

Avec sa candeur malicieuse, Coby bouscule les codes, déconstruit les genres, réveille la psychanalyse au-delà de l’Œdipe et comme le dit Fabrice Bourlez1, nous pose la question de demain : « Le matériau psychique peut-il s’élaborer autrement qu’en fonction de la norme hétérosexuelle ? »

Claire Pigeon

Note :
1 Fabrice Bourlez, Queer psychanalyse, Clinique mineure et déconstruction du genre, Editions Hermann, 2018.


Vendredi 1er mars, 20 h – Mont-Saint-Aignan (76)

Cinéma Ariel
Place Colbert
76 Mont-St-Aignan
02 35 15 25 99
Consulter le plan d’accès »

Entrée : 6,30 €.

Renseignements :
Contacter Claire Pigeon
Contacter Lydie Lemercier-Gemptel


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