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Publié le vendredi 4 décembre 2015

Université Populaire Jacques-Lacan

IRONIK ! – Novembre 2015

Le bulletin Uforca numéro 11

Ce n’est pas un privilège que d’être fou

La fin de l’enseignement de Lacan ouvre une autre perspective pour la psychose avec une nouvelle définition de la structure dégagée du formalisme structuraliste : « La structure, c’est le réel qui se fait jour dans le langage1. »
C’est le mérite exceptionnel du travail réalisé depuis près de vingt-cinq ans par les Sections, Antennes et Collèges cliniques francophones, sous la direction de Jacques-Alain Miller, que d’avoir tiré des conséquences pour la clinique de cet enseignement orienté par le réel.

« Le choix est un choix forcé : ou bien notre clinique sera ironique, c’est-à-dire fondée sur l’inexistence de l’Autre comme défense contre le réel – ou bien notre clinique ne sera qu’une resucée de la clinique psychiatrique. [...] Ce que je dis là n’épargne pas la clinique psychanalytique des psychoses quand celle-ci se borne à mesurer la psychose à l’aune du discours établi de l’analyste – cela veut dire la référer à la norme œdipienne2. » C’est la thèse de la clinique universelle du délire : « Tous nos discours ne sont que des défenses contre le réel3. » La paranoïa était la psychose de référence au premier temps de l’enseignement de Lacan. Dans la seconde orientation, c’est la schizophrénie qui permet le mieux d’entendre cette défense contre le réel.

La clinique structuraliste, avec ses classifications bien tranchées, se trouve à certains égards renversée par la clinique borroméenne. Lacan manifeste une conception beaucoup plus extensive de la psychose en constatant la même année dans son Séminaire Le sinthome que, finalement, « ce n’est pas un privilège que d’être fou4 ». Le statut généralisé de la psychose nous a amenés à considérer les formes ordinaires de la psychose et à parler d’époque de la forclusion généralisée.

Cette clinique nouvelle est une clinique de la gradation. Elle est continuiste, non structuraliste. J.-A. Miller la pose ainsi : « On distingue, non pas des classes, mais des modes, qui sont des variations. Dès lors, on fait sa place à l’approximation. Si l’Autre existe, on peut trancher par oui ou non. [...] Mais quand l’Autre n’existe pas, on n’est pas simplement dans le oui-ou-non, mais dans le plus-ou-moins5 ».

Une conséquence clinique, pour la pratique quotidienne, s’en déduit : la psychose est un concept étendu, nullement épuisé par les seules formes cliniques des psychoses psychiatrisées. Il y a des sujets sans phénomène élémentaire, sans trouble du langage, sans délire, sans errance, etc. Au contraire, ils présentent parfois une surnormalité qui les rend particulièrement adaptés. Pourtant, ces sujets consultent. On les voit à l’hôpital parfois, dans les dispensaires également, chez le clinicien en cabinet et chez le psychanalyste souvent.
C’est ce que nous nommons, suite à l’apport de J.-A. Miller, la psychose ordinaire6. La psychiatrie les ignore pour ne jamais (ou presque) les rencontrer ou bien elle les épingle sous des syntagmes étonnants : obsession dépressive, hystérie mélancoliforme, cas limites, etc.
Quelle clinique pour ces sujets ? Quelle place pour le psychanalyste ?

Hervé Castanet

Notes :
1 Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, Paris, le Seuil, 2001, p. 476.
2 Miller, J.-A., « Clinique ironique », La Cause freudienne, n° 23, L’énigme et la psychose, Paris, Navarin/Seuil, 1993, p. 8.
3 Ibid., p. 7.
4 Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Paris, Le Seuil, 2005, p. 87.
5 Miller, J.-A., (dir.), La Convention d’Antibes – La psychose ordinaire, Paris, Agalma-Navarin, Le Paon, 1999, p. 231.
6 Titre de la Convention d’Antibes tenue à Cannes en septembre 1998.

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