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Publié le vendredi 20 mai 2022

Vers le colloque de l’ACF en Normandie...

Newsletter #4 - « Paroles ... Paroles ... »

QUELLES PAROLES POUR QUELLE PRATIQUE ? Paroles standardisées, paroles inutiles et fécondes, parole impossible.


Béatrice Demuynck , membre de l’ACF en Normandie exerce comme psychologue en secteur de pédopsychiatrie ; Béatrice, tu nous rends sensibles deux sortes d’obstacles à la parole en somme : un obstacle qui tient à la parole même, au maniement duquel le clinicien est rompu -qui peut prendre la forme de la réticence à dire ; et un autre obstacle, d’une toute autre teneur, dont le Maître moderne entendrait avoir le dernier mot ?

« Une parole qui se déploie au-delà des réticences »

Entre le discours du Maitre (dont les ARS se font les tenants) et l’envers (la
parole de l’être souffrant).

« ….le langage ne peut vraiment avancer qu’à se tordre et à s’enrouler, à se contourner, d’une façon dont après tout je ne peux pas dire que je ne donne pas l’exemple. » Lacan J., « La Troisième » ; 1974

L’obstacle à la parole, ce qui fait d’elle une parole non entendue, négligée, m’évoque les questionnaires protocolisés de premières demandes en consultations CMP. Ceux-ci se doivent d’être le nouveau cadre et l’outil hautement recommandé pour les soignants dans l’écoute dirigée qu’il leur est demandé d’avoir lors de la première rencontre avec un patient. Ce recueil d’informations formaté a pour but d’entrevoir, de faire un tri rapide, lors de la réunion de synthèse, de la nécessité ou non de recevoir le patient. Nous sommes face à la maintenant être l’indicateur dont le maître a le secret pour dire l’efficace d’un CMP. Il s’agit là d’un recueil d’une parole protocolisée loin de la parole subjective d’un patient, loin des signifiants du patient, de l’essence même de son dire.

Dans notre accueil analytique, les signifiants du sujet sont dépliés pour guider vers la formulation de son symptôme et à l’évaluation du risque vital parfois si empreint de réticence à verbaliser pour un sujet lors d’un premier entretien (comme dans le cas qui va suivre).

C‘est dans le cadre d’une 1re consultation (non protocolisée) que Lyne se dit dans un « mieux être », à distance de son hospitalisation de quelques jours, pour idées suicidaires. Les « choses sont réglées », elle retourne en classe. Son père dont elle a révélé les agissements : elle ne le voit plus. Tout semble s’être soudainement refermé pour Lyne après « l’hémorragie » fulgurante de son dire. Nous soutiendrons cependant auprès de l’équipe CMP, la nécessité d’un espace de paroles au-delà de la réticence de cette jeune adolescente. Ce père, nous l’entendrons peu à peu de l’énoncé de Lyne, elle l’idolâtrait et le haïssait tout à la fois. Nous repérons combien pour Lyne la confusion règne (dans ses liens à l’autre - dans les enseignements – dans ses projets – dans sa parole où les mots s’entrechoquent, se substituant les uns aux autres). C’est dans la parole qui se déploie doucement au fil des séances que Lyne va percevoir, au-delà de ses réticences, la confusion de ses ressentis et la culpabilité qui l’accompagne. L’offre de parole, au-delà de ses énoncés qui formulaient un mieux-être, laissera se déployer, la solitude radicale de cette jeune fille, face à ses éprouvés multiples qui la perdaient depuis tant d’années.

L’obstacle à la parole -à cette parole qui est du registre de l’inutile fécond, comme le souligne l’argument de ce colloque1- se retrouve également dans des standards qui voudraient dorénavant formater notre écoute : limiter le nombre de séances, limiter la poursuite d’un suivi parce que le patient ne rentre plus dans les cases d’âge requises par le service, etc. Ainsi en pédopsychiatrie combien d’adolescents reçus qu’il s’agit de rediriger en service adulte parce qu’ils sont devenus majeurs ! Pour cet objectif standardisé, le patient est amené à interrompre un travail qui s’appuyait sur le transfert à son thérapeute. Alors nous usons de notre savoir-faire, de notre savoir dire auprès du maitre pour faire valoir l’enjeu d’une parole qui se soutient du transfert et de son cadre habituel.

A l’occasion de ce colloque, résonnera la centralité de la parole : de la parole dans le dispositif analytique là où les sujets peuvent s’approprier les mots avec génie, à la parole qui ouvre à la réflexion, aux hypothèses, là où nous tentons aujourd’hui de nous glisser entre prescription et proscription2.

Rendez-vous le 4 juin !

Note :
1 Voir l’argument du colloque, écrit par Serge Dziomba https://www.psychanalysenormandie.
fr/spip.php ?article1211
2 Ibid.


Télécharger l’affiche du colloque :

Renseignements et inscriptions auprès de Laurence Morel :
envoyer un mail

Télécharger le bulletin d’inscription au colloque :


Pour préparer le colloque QUELLES PAROLES POUR QUELLE PRATIQUE ? Paroles standardisées, paroles inutiles et fécondes, parole impossible., on peut lire :
- La présentation du colloque et l’argument
- Newsletter #1
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- Newsletter #7 (contient le programme de la journée)
- Newsletter #8 (contient les infos pratiques)

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