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Publié le samedi 1er mai 2021

Chemins d’enfance - Verneuil d’Avre et d’Iton

« Quand nos Bouts d’chou débarquent à la maison pour quatre semaines de confinement : pas toujours simple ! »

Dans l’après-coup de la soirée du 13 avril


Le 13 avril, l’association Chemins d’enfance invitait les parents à une rencontre - échanges - sur le thème :



 {« Quand nos bouts d'chou débarquent à la maison pour quatre semaines de confinement : »}

 {pas toujours simple ! »}


Dans l’après-coup, Laurence Morel, présidente de Chemins d’enfance et membre de l’ACF en Normandie rend compte de ces échanges.


Après-coup


Une dizaine de participants se sont réunis autour de ce thème, afin d’échanger et partager les expériences. Avec ce 3e confinement nous avons pu mesurer le fort impact de cette situation inédite sur les familles.

Ainsi, il a été rapporté au cours de la soirée tel propos d’une mère : « Je ne pourrai pas revivre ce que j’ai vécu au 1er confinement : c’était insupportable ! » ; elle évoquait alors l’angoisse ressentie face au fait de devoir gérer les enfants à la maison, le télétravail, les conflits inévitables quand le quotidien se resserre dans quelques m2, l’inquiétude pour la santé et l’avenir etc... Si les petits font généralement plutôt confiance à leurs parents, « comment cependant aborder ce truc avec eux pour ne pas les angoisser ? » relevait judicieusement un participant.
Bruno Humbeeck -psychopédagogue- dans son « Laissez vos enfants tranquilles1 », souligne « qu’il ne faut pas confondre les espaces de l’école et ceux de la maison » : le rôle des parents n’est pas d’enseigner ; respecter les espaces propres à chacun, se ficher la paix quand on vit les uns sur les autres est essentiel, dit-il. Quant à Caroline Eliacheff - psychanalyste -avec ce cri « Foutez leur la paix2 ! », elle argumente qu’il vaut mieux « lâcher l’école que d’engueuler ses enfants » si ça ne va pas.

Cependant, nos échanges ont permis de mesurer que ce n’est pas si facile : comment se positionner face aux exigences qui pèsent sur les épaules des parents, comment accompagner le travail scolaire, faire face à la barrière de la langue parfois ... surtout quand celle-ci masque la nostalgie du pays d’origine de la famille ; et que l’enfant alors pris dans un conflit de loyauté, campe sur un refus d’apprendre face à ce savoir qui introduit une certaine séparation. Les enfants se soucient pour leurs parents et s’embrouillent, s’angoissent, ont peur de grandir. Parler avec eux, les écouter sera essentiel.

Et qu’en est-il pour les plus grands ? Une participante a souligné quelque chose qui nous a percutés : l’angoisse qui a saisi son fils quand il a entendu de la bouche de nos dirigeants que le métier qu’il avait choisi était jugé comme « métier non essentiel », violence d’une phrase « assassine » qui peut couper l’élan, sabrer le désir de grandir et de s’engager… C’est cela aussi qu’il faut soutenir comme parent : « Mais ton désir, à toi… l’est, essentiel ! » ; pas évident quand on réalise cette détresse qui ébranle les plus jeunes, constatant avec amertume « qu’on leur a volé leur vie d’étudiant ». Quelles conséquences à venir, en effet, post-COVID, pour cette jeunesse dont les rêves ont été ébréchés gravement par cette pandémie, et qui à l’aube de leur avenir, ne croient plus en ce qui aurait pu les soutenir ? Après la difficile traversée de l’adolescence, et la rupture des amarres de l’enfance, se lancer dans la vie adulte nécessite en effet de pouvoir croire en ses rêves ! Que faire quand on ne peut plus rencontrer ses copains, rêver, refaire le monde, bâtir des châteaux en Espagne… mais qu’il faut se résoudre à partager l’ambiance familiale, peut-être revenir à la maison et remettre les clefs de l’appartement avec lequel on faisait ses premiers pas d’adulte ? Comment ne pas laisser les gestes dits « barrières » devenir un repli sur soi délétère pour l’adolescent, le confinant à l’isolement ? Nous avons pu relever aussi que la fermeture des services publics a laissé seuls nombre d’adultes… ainsi que la 1re fermeture des LAEP et autres structures d’accueil avait retiré un soutien précieux aux parents.

Enfin, terminons sur une note positive : nous avons pu aussi saluer l’importance pour les professionnels de pouvoir compter sur un travail d’équipe pour faire face à ce drame terrible auquel chacun de nous a été confronté, au plus intime ; ainsi à l’occasion, accueillir en le soutenant, tel étudiant isolé, pour un stage dans une structure petite enfance comme l’a rapporté une participante. Cela rejoint la remarque d’une élue, entendue après-coup, qui saluait ce riche tissu associatif sur notre territoire. Merci à chacun de le soutenir ! Nous vous donnons rendez-vous pour une prochaine rencontre, en visio ou… en présence : nous l’espérons aussi vite que possible !

Compte-rendu rédigé par Laurence Morel avec l’aide de Maryvonne Bornier et Jean-Pierre Coriton

Notes :
1 Confinement : « laissez vos enfants tranquilles ! », France-Inter, Vie Quotidienne, 8 avril 2020.
2 Caroline Eliacheff, Foutez la paix aux enfants, France-Culture, Savoirs, 6 avril 2020.

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