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Publié le lundi 30 mars 2020

L’Edito de la déléguée régionale de l’ACF-Normandie

Calligraphies

Avril 2020

Nous voilà séparés, confinement oblige, communiquant avec les différentes machines à notre disposition entre nous. Téléphones, ordinateurs, portables, « le fil qui chante », pour reprendre le titre d’un album de Lucky Luke, ou les ondes qui se propagent, sont sollicités au-delà des possibilités.

Les images prennent beaucoup de place, mais nous constatons aussi qu’elles sont insuffisantes à apaiser notre inquiétude. Il faut renouveler celles-ci sans fin semble t-il, comme une soif inextinguible, au point que le sans-limite vient vite à l’esprit.
Nous apercevons aussi le précieux des petits moments de parole directe, avec la boulangère, le maraîcher qui sont restés ouverts, et dont il faut saluer le courage. Ou ces personnes que je peux apercevoir qui se parlent par dessus les balcons, la clôture du jardin, d’un trottoir à l’autre. Ces moments où dans les villes des applaudissements saluent le travail des soignants ou d’autres. La liberté de la rencontre, avec ses hasards heureux et malheureux nous est actuellement ôtée. Ah, cette nostalgie qui m’a saisie en écoutant à la radio une italienne disant son regret de la tasse de café à une terrasse, accompagnée d’une petite brioche !

Il nous reste le travail et ses joies. Plus de temps pour lire, pour réfléchir, préparer.

Les journées d’Automne de l’Ecole vont venir vite, nous questionnant sur l’attentat sexuel. Du côté de l’ACF, des initiatives sont prises.
J’ai donc choisi en relation avec les textes proposés par Lacan Quotidien, (« L’Autre qui n’existe pas et ses comités scientifiques » d’Eric Laurent, Lacan Quotidien n° 874 et « La loi de la nature et le réel sans loi » de Miquel Bassols, Lacan Quotidien n° 875) la calligraphie d’une phrase, un aphorisme peut être, de Lacan : « De alio in oratione, tua res agitur. »
L’Autre, est là, sous sa forme imprévisible, impossible. Même si au-delà de ce qui peut en être dit, se profile, dans ce moment compliqué, quelque chose qui ne peut pas se dire. L’Autre n’existe pas, il lui faut des comités scientifiques. Et là, nous pouvons retrouver la parole.

Alors je voudrais souligner les initiatives de l’ACF et celles qu’elle soutient :


- JPEGLe CPCT de Rouen : « une écoute pour les parents » en est le premier exemple. « Le temps que durera la crise sanitaire, il y a une écoute mise en place pour les personnes responsables d’enfants que la crise sanitaire et ses mesures de confinements trouble, désoriente, inquiète dans la relation à l’enfant ».
- Une autre est les séances de travail à plusieurs, soit par écrit, par exemple le groupe de travail sur Psychanalyse et médecine, qui se met en place entre mails et WhatsApp.
- D’autres groupes utilisent Skype ou d’autres systèmes pour se parler, échanger, travailler.
- PNGEnfin l’ECF met en place des séances de visio-conférences pour les enseignements du Grand Paris, prévues initialement. Vous trouverez le communiqué sur notre site.

Enfin, je voudrais dire aux amis de la psychanalyse et à ceux qui reçoivent des patients et qui inventent comment poursuivre le bien-dire sans se rencontrer, toute mon attention et ma disponibilité pour parler ou s’écrire et mettre en acte la solidarité nécessaire.

Dire aussi que ma pensée va vers ceux qui sont aux prises avec cette maladie, et que je veux assurer de mon aide, ceux qui me feront appel. « Aide » oui, mais comme le recommande Lacan, surtout « aide contre ».

Enfin, faisant partie des « collègues mobilisés dans les structures de soin et le champ du médico-social » (selon la lettre du Conseil de l’ECF) je voudrais dire combien je peux constater de très près l’implication forte (mais raisonnée) de beaucoup d’entre nous. Nous allons pouvoir y puiser un trésor d’expérience. Puissions-nous en faire un savoir transmissible.

N’hésitez pas à m’adresser des petits riens, vos réflexions, rencontres, hasards !

Portez vous bien, prenez soin de vous et de vos proches.
A très bientôt,

Catherine Grosbois, déléguée régionale

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