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Publié le jeudi 10 septembre 2015

Séminaire ACF 2015-16

Séminaire de l’Estudé, lire et étudier le Cours de Jacques-Alain Miller : L’Être et l’Un

Les Vendredis 25 sept., 6 nov., 27 nov., 18 déc., 22 janv., 19 fév., 25 mars ; les Mardis 19 avril, 17 mai , 28 juin – Rouen

Le Séminaire de l’Estudé organisé par Serge Dziomba est consacré à la lecture du Cours de Jacques-Alain Miller. Après l’étude de Choses de finesse en psychanalyse, le Séminaire de l’Estudé se consacre à la lecture de L’Etre et l’Un (Orientation lacanienne III, 2010-11).

L’Etre et l’Un est un cours très important de Jacques-Alain Miller sur les avancées du dernier enseignement de Lacan sur la question de la jouissance Une et du corps ; Serge Dziomba nous en présente la logique et les enjeux dans le texte ci-dessous « L’être et l’Un » .

Le Séminaire de l’Estudé sera animé par Marie-Hélène Doguet-Dziomba, Serge Dziomba et Marie-Claude Sureau.

- Vendredi 25 septembre 2015  : première séance de travail de l’année 2015-2016 sur l’Etre et l’Un.
Marie-Hélène Doguet présentera les cours 6 et 7.

- Vendredi 6 novembre 2015  : seconde séance de travail de l’année 2015-2016 sur l’Etre et l’Un.

- Vendredi 27 novembre 2015  : troisième séance de travail de l’année 2015-2016, nous commenterons les cours 8 et 9 de l’Etre et l’Un.

- Vendredi 18 décembre 2015  : Marie-Claude Sureau commentera le cours n° 9 de l’Etre et l’Un.

- Vendredi 22 janvier 2016  : Marie-Hélène Doguet commentera le cours n°10 de l’Etre et l’Un.

- Vendredi 19 février 2016  : Serge Dziomba commentera le cours n°11 de l’Etre et l’Un.

- Vendredi 25 mars 2016  : Marie-Claude Sureau commentera le cours n°12 de l’Etre et l’Un.

Scansion...

Lire ci-dessous le texte de Serge Dziomba :

« L'Etre et l'Un ou l'Un tout seul (suite…) »


- Mardi 19 avril 2016  : Marie-Hélène Doguet commentera le cours n°13 de l’Etre et l’Un.

-  Mardi 17 mai 2016  : Annulé

- Mardi 28 juin 2016  : Serge Dziomba commentera le cours n°14 de l’Etre et l’Un.

Télécharger l’affiche :

Ce séminaire aura lieu les vendredis 25 septembre, 6 novembre, 27 novembre, 18 décembre 2015, 22 janvier, 19 février, 25 mars, les mardis 19 avril, 17 mai, 28 juin 2016 à Rouen – accueil à 20h30.

Maison de la psychanalyse en Normandie, 48 rue de l’Abbé de l’Epée, Rouen (76)
Consulter le plan d’accès »

Responsable :
Serge Dziomba 06 23 16 03 84

L'être et l'Un

 {par Serge Dziomba} .

1) Vers L’être et l’Un

Choses de finesse en psychanalyse, cours prononcé par Jacques-Alain Miller en 2008-2009, est une introduction à L’être et l’Un qui reste à ce jour le dernier cours donné par Jacques-Alain Miller datant de 2011.

Il peut être noté comme scansion, point de capiton, où Jacques-Alain Miller montre la logique à l’œuvre dans l’enseignement de Jacques Lacan, sa préoccupation, sa perspective, sa dynamique, ses points de butée, son caractère inabouti.

La préoccupation centrale de l’enseignement de Lacan est la jouissance et surtout qu’elle soit localisable. Ainsi elle le sera dans l’imaginaire puis dans le symbolique, dans le phallus, ensuite dans les fantasmes et enfin dans son invention du fantasme fondamental. Il faudra la sexuation féminine pour rompre avec cette logique caractérisable comme des uns mis en série répondant au tout.

La perspective qui se dessine alors est celle du sinthome.

La logique de la sexuation féminine est porteuse d’une conséquence pour l’économie de la jouissance s’exerçant sur le rapport sexuel qui n’existe pas : il n’y a pas de pulsion sexuelle totale, pas de logique « étapiste » partant de l’oralité jusqu’à la génitalité qui serait le stade suprême de la sexualité pour le genre humain.

Ce qu’il y a à la place de la pulsion sexuelle totale dit Jacques-Alain Miller dans la XIXe leçon, est une série pulsionnelle, celle de la jouissance sous une forme particulière, problématique, à savoir la jouissance qui se présente primordialement sous une forme « substitutive, d’emblée sans original ». Si elle se présente sous cette forme substitutive, « c’est par rapport au rapport sexuel qu’il n’y a pas ». Il y a la « substance jouissante », fruit de la rencontre traumatique entre le signifiant et le corps. C’est à cette jouissance que nous avons à faire dans l’expérience analytique. Elle se présente d’emblée comme celle qu’il ne faudrait pas, qui fait la plainte du parlêtre car il ne s’y reconnait pas. Il se présente ainsi dans le cabinet du psychanalyste. En ce point se concentre ce qui fait le symptôme psychanalytique.

Longtemps Lacan a mis l’accent sur le sujet et sa division, sur l’Autre, la castration et le phallus, permettant de penser ce qui change, opère une transformation subjective. Jacques-Alain Miller dans la XVIe leçon montre ce qui sera le basculement de l’enseignement de Lacan à partir d’une notation de Lacan sur la jouissance impossible à négativer. Non négativable, non dialectisable la jouissance devient une positivité. Cette positivité de la jouissance est incontournable car, rendant inopérantes deux modalités majeures du symbolique, elle le rend caduc pour ce qui concerne son abord. Ainsi le sujet n’est que représenté (par un signifiant pour un autre), il est un signifié susceptible d’en devenir un autre, point. L’Autre en tant que trésor des signifiants est un signifiant parmi les autres, qui « n’ex-siste pas », n’est pas en dehors des autres, il est de même nature que les autres signifiants. Le symbolique est marqué d’inertie quant à la jouissance, tel est le constat. Si l’articulation signifiante se trouve dévalorisée, Jacques-Alain Miller montre aussi que lalangue, terme du dernier enseignement de Lacan, implique un statut pré-linguistique du signifiant, c’est-à-dire que l’action du signifiant peut être détachée de l’articulation signifiante qui, elle, est proprement linguistique. Le signifiant est Un, seul, antérieur à toute chaîne.

La fonction de la parole est liée à la jouissance qui est substance. Le lieu de la substance jouissante est le corps, il en est le support. « Un corps est ce qui se jouit » ; le corps vient donner corps à la jouissance, son statut est d’être le corps de jouissance. Le trajet de Lacan noté par Jacques-Alain Miller va du sujet au parlêtre.

Qu’est-ce qui est traumatisé quand le signifiant vient percuter le corps, lieu de la jouissance, sinon la jouissance ? Ce à quoi l’analyste et l’analysant ont à faire, ce qui se présente, est une jouissance « brutalisée, traumatisée, déplacée », dont le point de départ est la percussion du corps par le signifiant, où du fait de l’absence du rapport sexuel et de façon contingente le parlêtre a élucubré son discours qui fait sa routine, liée au milieu d’où il vient. Il l’a fait à partir de sa famille, du couple parental.

C’est cette jouissance que vise Jacques-Alain Miller, celle qui n’est pas d’avant le signifiant et qui est du corps, ouvrant la voie du sinthome.

Il y a un mixte du signifiant et de la jouissance, ce dont il s’agit dans l’interprétation comme acte analytique, est de détacher de ce mixte les signifiés, le sens, de les réduire à une vérité menteuse, d’en faire des semblants afin que l’analysant puisse savoir comment pour lui, dans la vie, sa « jouissance est interpellée par le semblant, le signifié ». Comment donc il répond à ce signifié, comment il s’en anime encore ou plus. Tel est le propos de Jacques-Alain Miller en conclusion de son Cours.

La jouissance s’interprète, doit l’être. Une analyse au XXIe siècle est le trajet qui va de la jouissance qu’il ne faut pas, celle qui ne convient pas parce que venant à la place du rapport sexuel qu’il n’y a pas, à celle qui convient parce que nettoyée du sens réduit au semblant. Elle vise ce que Jacques-Alain Miller nomme « une nouvelle alliance avec la jouissance », soit un parlêtre réconcilié avec sa jouissance, qui devient alors un autre nom de la satisfaction. Là où je suis, la jouissance doit advenir : je peux me réconcilier avec ma façon d’être vivant comme parlêtre. Cette fin d’analyse que Jacques-Alain Miller propose dans le prolongement de Lacan est elle aussi du registre de la contingence… car elle a « la structure de la rencontre ».

2) L’être et l’Un

Le Cours Choses de finesse en psychanalyse place LA jouissance au cœur des préoccupations de Lacan. Ce singulier fait écho au cri de Lacan Yadl’Un et s’entend avec l’(a)mur pour faire valoir ce qui est agalmatique au-delà du mur du langage. La jouissance ne s’articule pas à l’Autre, elle est Une, son lieu est le corps qui se jouit. Sa catégorie est celle de l’« Un tout seul ».

Dans son Cours L’Etre et l’Un Jacques-Alain Miller considère ce que nous a laissé Lacan : 1) la question du rapport de la jouissance et du sens qui exige un prolongement ; 2) le problème que Lacan rencontre avec la doctrine de l’Être – l’ontologie ; 3) Si la passe comme traversée du fantasme porte sur le sujet du désir et son objet a par la « résolution de la conversion du désir en savoir », elle laisse « l’être de la jouissance (qui) reste rebelle au savoir » car aucune articulation n’est possible entre le Un-tout-seul et le savoir. Ces trois points illustrent et déploient la question posée par Jacques-Alain Miller dans son premier cours : « Qu’est ce qui est le réel à la fin d’une analyse, qu’est-ce qui à la fin est réel ? ». Jacques-Alain Miller pour traiter cette question va prendre appui sur la difficulté rencontrée par Lacan concernant l’ontologie, la question de l’être telle qu’elle apparaît dans le Séminaire XI. L’ontologie plongeant ses racines dans la philosophie est centrale pour rendre la pratique analytique digne de notre époque définie par la semblantisation du symbolique.

Dans le cours de son enseignement, Lacan va régler la question ontologique en prenant appui sur un terme opposé, celui d’ontique. A la question de l’être répond l’étant à savoir : ce qui est. L’être est symbolico-imaginaire, il est représenté, imagé et prend sens. Par l’appareil du langage, comme le sujet il n’est qu’« être de langage », c’est-à-dire ne vaut que comme construction langagière, véritable illusion parfois lyrique. Ainsi on a pu discuter sur le sexe des anges, faire consister la licorne… On prend un signifié, on le qualifie, le caractérise, lui confère des attributs, on le prédique et se déploie alors le sens grâce à la machine langagière qui le fabrique. C’est cela l’être, le signifiant articulé signifie, donc fait être. A ceci s’oppose l’ontique comme ce qui est hors sens, car sans attribut. L’Un-tout-seul ex-siste. Ex-sister est le mot pour dire ce qui est littéralement hors de l’être, hors des identifications qu’il comporte, donc du sens. Être, nous dit Jacques-Alain Miller n’est pas la même chose qu’exister.

Le chemin que parcourt L’Être et l’Un va de l’ontologique à l’ontique, soit de l’être à l’Un. Son enjeu n’est pas philosophique mais est la catégorie du réel comme ce qui doit être manié dans l’expérience analytique avec justesse. Pour la dégager « avec toute sa puissance conceptuelle » il faut pouvoir la cerner et pour cela « limiter la fonction de l’être » énonce Jacques-Alain Miller dans la VIe leçon.

La dimension ontologique a impliqué des conclusions progressives à l’analyse chez Lacan :
- Celle qui débouche sur le manque à être du sujet et « l’horizon déshabité de l’être »,
- Celle où le manque à être se trouve attaché à l’existence, à ce qui est, ajoutant une positivité de jouissance avec l’objet a – un progrès.

Le point commun de ces deux conclusions est la place qu’elles font au signifié, à la vérité et à la fiction qui en est la structure. Elles révèlent comment Lacan a pu s’arranger de la fiction, à partir de l’inconscient-vérité, lieu d’où « ça parle » et dit la vérité. Le mouvement de l’enseignement de Lacan que nous fait entendre Jacques-Alain Miller est la prise en compte du réel comme « ce qui ex-siste à la fiction » et devant lui « la fiction est une vérité menteuse ».

Le basculement tel que le montre Jacques-Alain Miller s’opère à partir de cette prise en compte du réel qui devient dynamique. Il conduit Lacan au sinthome comme conclusion par la logique. Là où le réel était considéré par Lacan à partir de l’ordre signifiant, c’est le signifiant qui est abordé à partir du réel. Là où l’inconscient était vérité, par l’inclusion du ça, il devient l’inconscient réel. Jacques-Alain Miller y voit le réel devenu un moyen de l’opération analytique.

Il s’ensuit une véritable bousculade. La pulsion auto-érotique est considérée à partir de son implication dans le symptôme. Le sujet, de par son appartenance à l’ordre signifiant, s’efface devant un nouveau venu qui inclut le corps et « qui de parler, superpose un être au corps qu’il a ». Son nom est le parlêtre, ce que le « corps parlant » dont nous a entretenu Jacques-Alain Miller plus récemment, prolonge.

Avec le parlêtre plus question de s’orienter à partir de la vérité et du sens. Au contraire, l’analyse est un nettoyage du sens. Il s’agit d’obtenir un hors sens, celui de la logique qui posant ses axiomes, déduit. La visée est du réel comme reste de l’opération. Le sinthome en est le résultat.

La conséquence porte sur l’analyste. Comme en logique, il s’agit pour lui « d’opérer dans un champ du langage nettoyé de la signification ». Ceci dépend de ce qu’il aura rencontré dans l’expérience de sa propre analyse et renouvelle l’abord du « désir de l’analyste ».

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L'Etre et l'Un ou l'Un tout seul (suite…)

D’emblée une question est posée : « Que reste-t-il à la fin d’une analyse ? » Voilà ce qui constitue le fil du Cours. Ce « reste », il s’agit dès lors de lui donner toute son importance. La formulation de la question posée par J.-A. Miller concerne les analystes et les analysants. Le Cours conduit à la faire notre, à y porter une grande attention. Un rapprochement s’opère alors dans le Cours avec une formule célèbre jetée aux murs par Lacan dans son Séminaire XIX : Yad’l’Un ! Cette « jaculation » conduit à l’éclairage de ce « Un ». N’y a-t-il pas un lien entre ce « reste » de la fin de l’analyse et ce « Un » ? Ce « Un », quelle est sa « nature » ?

Nous sommes, lecteurs du Cours, pris par la main et conduits à entrer dans la maison du Un qu’est l’Hénologie avec sa référence, le philosophe Plotin. Le Un existe, il est … « pour de vrai » et « tout seul » dit J.-A. Miller ; il est en soi et pour soi, ne répond à nulle loi ni ordonnancement. Au Un s’attache le principe d’existence. Les catégories du réel, de la jouissance, sont alors revisitées dans le Cours à partir du Un. L’étude du Un apporte un éclairage sur le signifiant qui peut être considéré autrement que nous en avons l’habitude à savoir hors articulation, hors chaine… sans deux…seul.

« Seul », veut dire hors le sens que prodigue l’articulation signifiante. Il ouvre la voie d’un réel qui est la conjonction du signifiant tout seul et du corps lorsque le signifiant est venu percuter le corps et faire ainsi évènement traumatique. Une inscription dans le corps est faite. La jouissance du corps est marquée par cette inscription. A partir de cette rencontre traumatique le corps parle. Le corps parlant parle à partir de cette inscription effacée, sa trace en est le symptôme qui vient la répercuter. L’analyste a à conduire l’analysant à isoler son Un afin qu’il le reconnaisse comme sinthome, comme ce qui est irréductible à l’interprétation, pour « savoir y faire » avec. J.-A. Miller nous fait découvrir cette logique du dernier enseignement de Jacques Lacan, celle qu’il nous a laissée.

De là le sujet, celui du premier enseignement de Jacques Lacan, s’éclaire. Il participe de ce que J.-A. Miller appelle « l’ontologie sémantique » du premier Lacan : son sujet est construit contre le psychologisme, il s’agit d’un sujet variable, ouvert au sens, sans substance c’est-à-dire sans permanence, sans absolu, relatif, supposé même.

Alors ce reste du départ, celui de la question « que reste-il à la fin d’une analyse ? », vient indiquer le fixe et le variable : là où le sujet varie, la jouissance est fixe. Ce reste est reste comme le fruit, l’aboutissement d’une analyse mais aussi il fait de la jouissance la cause, le point de départ de ce corps parlant.

Serge Dziomba

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