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Publié le jeudi 18 septembre 2014
Séminaire ACF 2014-15
Corps agités, psychanalyse et institutions
Les Mercredi 21 janv., 18 mars, 27 mai - 21h – Rouen
C’est par cet énoncé de Lacan que débute un court et excellent texte d’Agnès Aflalo : « Le corps décerné2. » Elle y déploie la thèse de Lacan selon laquelle on ne naît pas avec un corps, mais avec un organisme. C’est le langage qui nous attribue un corps.
Nous allons cette année nous attacher tout particulièrement à des sujets dont le corps parle avec grand bruit, désordre, fracas ou silence. Nous déploierons ce que les institutions mettent en place pour que ces corps, parfois, se taisent ou ne soient pas entendus, en nous intéressant aussi à la dimension historique, sociologique, anthropologique de cette question (châtiment corporel, isolement, camisole y compris chimique... etc.).
Enfin, nous présenterons la façon dont peuvent être accueillis ces sujets, pour peu que l’on se saisisse de la boussole lacanienne.
Des conséquences en découlent, en termes d’action lacanienne. Nous continuerons d’interroger la façon dont nous pouvons, de la place que nous occupons dans nos institutions, user de la langue de l’Autre afin de ménager un espace à la singularité. Bertrand Lahutte3 a soulevé ce point lors de sa conférence du 20 septembre 2014.
Nous prendrons appui sur les textes de Freud et de Lacan en particulier Malaise dans la civilisation, Radiophonie, les Autres écrits mais aussi les séminaires XVI et XVII. Cela n’est pas exhaustif !
Nous nous réunirons trois fois dans l’année pour présenter des interventions de professionnels. Un ou plusieurs autres groupes de travail se mettent en place pour préparer les interventions. Un ou plusieurs cartels seront à constituer…
Merci de nous contacter rapidement si vous souhaitez présenter votre institution, votre travail, vos questions, vos impasses, ou si vous souhaitez simplement participer à un groupe de travail. Si vous hésitez, prenez contact avec nous !
Notes :
1 Jacques Lacan, « Radiophonie », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 409.
2 Agnès Aflalo, « Le corps décerné » sur Ornicar ?.
3 Membre du conseil de l’Ecole de la Cause Freudienne (ECF), Conférence prononcée le 20 septembre 2014 à Rouen (à paraître dans LETTERiNA).
Notre séminaire de cette année se met au travail autour de la question du corps et de ce qui l’agite. Cette question sera articulée aux effets produits sur les Institutions.
Mercredi 21 janvier :
Depuis une dizaine d’années, le principe de la médicalisation des enfants comme réponse à ce qui est considéré comme un trouble du comportement se banalise.
L’école participe à son insu ou pas, à ce dispositif qui ne cesse de se généraliser et qui s’accélère. Cette « installation d’un pseudo savoir médico-psychologique qui ne cherche pas l’origine de la souffrance et qui ne prend en compte pour le traitement que des formes de subjectivités normalisantes ou standardisées1 » constitue un véritable danger pour les sujets. L’hyperactivité, signifiant maitre de cette machinerie, « obnubile » les divers partenaires de l’enfant : médecins, parents, enseignants.
Notre responsabilité consiste à diffracter ce signifiant pour qu’une place soit faite au sujet.
Le texte de Philippe Lacadée, « La médicalisation des enfants et des adolescents » , nous servira de fil rouge.
Salima Sakho Diallo, psychologue, membre de l’ACF, nous introduira à l’approche du corps dans le champ psychanalytique à partir de l’enseignement de Lacan.
Nathalie Herbulot, enseignante spécialisée déploiera le cas de trois enfants, rencontrés dans sa pratique. Le titre de son intervention : « Stupéfiant3 » joue de l’équivoque !
Notes :
1 Jacques Lacan, « La place de la psychanalyse en médecine », 1966, in Jenny Aubry, La psychanalyse des enfants séparés, Paris, Denoel, 2003, pp. 287-322
2 Texte de la conférence prononcée par Philippe Lacadée à Belo Horizonte, Congrès international de la santé, le 5 septembre 2014.
3 Stupéfiant – 37 synonymes !
abasourdissant, abracadabrant, abrutissant, ahurissant, atterrant, confondant, consternant, déconcertant, drogue, ébahissant, effarant, énorme, épatant, époustouflant, estomaquant, étonnant, étourdissant, extraordinaire, fantastique, formidable, imposant, incroyable, insoupçonné, interloquant, invraisemblable, médusant, narcotique, paralysant, pétrifiant, phénoménal.
Téléchargez l’affiche :
Mercredi 21 janvier, nous avons pu entendre des professionnels passionnants. Salima Diallo Sakho nous a rappelé ce que peut être un corps pour la psychanalyse. Nathalie Herbulot, enseignante spécialisée a illustré les embarras du corps avec les situations d’enfants dits hyperactifs qu’elle rencontre à l’école avec Marie Izard Delahaye. Avec un désir assuré, Nathalie Herbulot nous a fait part de situations pourtant catastrophiques d’enfants sous methylphénidate, avec de plus en plus de prescriptions pour un nombre croissant d’enfants et le mépris avec lequel leur parole, reprenant celle de l’enfant, peut être attrapée.
Leur question doit être relayée : que pouvons-nous faire face à ces injonctions faites aux parents ? Comment soutenir une autre parole ? Ces points semblent cruciaux à soutenir. Oser faire entendre une autre manière de lire la difficulté de l’enfant, laissant de côté les troubles et leurs prescriptions imposées sans même attendre qu’une demande puisse émerger, pour s’interroger sur ce à quoi sert ce symptôme à l’enfant.
Elles nous ont montré à quel point elles ne renonçaient pas à dire ! Nous les remercions d’avoir partagé leur enthousiasme avec nous.
En attendant le Mercredi 18 mars :
Nous vous invitons à quelques lectures :
Le corps de l’être parlant ne se confond pas avec l’organisme ! Comme le dit J.-A. Miller, « Le corps comme chair, substance jouissante, se trouve affecté par le langage, et il est par là, vidé de libido. La libido doit se trouver localisée, sinon elle se déplace à la dérive1. » !
Dans la névrose, la jouissance trouve à se localiser dans l’objet a. Mais dans la psychose, elle n’est pas localisée : « Il faut » alors, « trouver des moyens de le faire. Il y a des modalités d’extraction « sauvage » de l’objet comme dans la mutilation ou le passage à l’acte2. » Dans ces cas, d’autres façons de la localiser trouvent également leur place.
Ainsi que l’article de Marie-Françoise de Munck, « Le corps a-corps du schizophrène3 ».
Lors de la prochaine soirée, Salima Diallo Sakho partagera avec nous ces notes de lectures autour du corps. Et nous vous proposerons ainsi au fil du temps, nos lectures, nos réflexions sur ce thème.
Notes :
1 Jacques-Alain Miller, La convention d’Antibes - La psychose ordinaire, Agalma, Seuil, Paris, 1999, p. 314.
2 Anne Lysy, « L’énigme du corps », La Cause Freudienne n°69, Notre sujet-supposé-savoir, septembre 2008, p. 11.
3 Marie-Françoise de Munck, « Le corps a-corps du schizophrène », dans Quarto 28-29, Les psychoses - clinique et structure, octobre 1987, p. 60.
Mercredi 18 mars :
Nous écouterons Salima Diallo-Sakho, Marjorie Conseil, Catherine Leprévost, toutes les trois travaillent à Ecouis, un IME qui accueille des enfants dont on se demande comment le corps est traversé par le langage. Ils déploieront deux situations autour d’une question :
Que fait-on quand on demande quelque chose à un jeune dans une institution ?
Blanche : « je ne sais pas ce que je veux dire »
Blanche est une jeune fille jolie aux grands yeux bleus mais son regard est absent, parler lui semble impossible.
Se faisant absente, elle annule notre présence du même mouvement.
A son arrivée, l’équipe se demande « si elle comprend ce qu’on dit », elle repère par ailleurs que Blanche est à l’aise quand il y a un rythme, une mélodie ; son corps s’anime.
Certains veulent la faire parler, d’autres communiquer un peu plus, comment va-t-elle faire en ESAT si elle ne parle pas ?
Marjorie Conseil, son éducatrice référente, s’interroge sur la manière dont elle pourrait s’adresser à elle lorsque l’Autre lui parle, elle est terrifiée.
Eve : « Appelle ma mère ! »
Eve a un syndrome très rare. A peine audible ou très virulente, elle ne se soumet pas aux demandes de l’Autre et quand la demande se fait trop entendre, son corps lâche.
La particularité de ce sujet est qu’elle s’efface dans le sommeil. Elle s’endort fréquemment, introduisant ainsi une sorte de battement intermittent de sa présence/absence. Elle a besoin du corps de l’autre pour se déplacer, parfois pour demander.
Cathy Lepresvot se questionne sur cette enfant objet de soins médicaux ; quelle place pour sa subjectivité ?
Lacan a montré que chez certains sujets si l’image de son corps est altérée c’est que le langage n’arrive pas à mordre sur le corps, le langage n’organise pas le corps. Désormais, comment leur parler ? Quel mode de présence pour les équipes ?
Nous partons de l’hypothèse que ces deux sujets se protègent de la parole chacune de façon différente. Nous nous interrogeons alors au quotidien sur l’invention des modalités de traitement du réel, de ce qui constitue l’étrangeté du monde pour elles.
Une vingtaine de participants, professionnels de diverses institutions, jeunes psychologues, étudiants en stage sont venus écouter nos trois intervenantes nous parler de leur travail auprès de deux jeunes filles accueillies d’abord en IME puis en IMPRO.
Trois voix, une psychologue et deux éducatrices, non pas à l’unisson, mais avec une certaine harmonie
Quelques voix dans la salle, pour questionner, interroger le comment faire avec les trouvailles, comment faire pour que ces trouvailles trouvent une place dans l’institution
Les observations fines de Marjorie Conseil permettent de soutenir les hypothèses formulées par la psychologue, Salima Diallo-Sakho : « ce qui fait tenir le corps de Blanche, ce sont les costumes de scène, le costume emballe son corps, l’habille ».
Cette jeune fille, qui peut être mutique, s’immobiliser, pourra peu à peu faire preuve d’innovation, de créativité en proposant un geste chorégraphique qui lui est propre « probablement parce qu’à partir du moment où le costume l’habille, le moi prend consistance, et qu’elle peut alors parler à partir de ce lieu-là , les mouvements réglés de la danse valent comme le costume » propose Eric Blumel.
Le cas de Eve, présentée par Catherine Leprévost et Salima Diallo-Sakho nous interroge sur ce qui tient lieu de corps pour elle :
Le fauteuil roulant qui peut devenir nécessaire est-il une béquille, un appui, est ce le prolongement de son corps, le fauteuil est il son corps ?
Une demande trop insistante de l’Autre, une marque d’intérêt et le corps lâche : comment s’adresser à cette jeune fille, et comment faire valoir ce repérage auprès d’une équipe ?
Chaque cas est d’une grande richesse.
Approche clinique, théorique, mais aussi « institutionnelle » c’est à dire comment faire « circuler » ce qui se dépose, ça et là auprès de quelques-uns ?
Ces quelques-uns qui consentent à accueillir les expressions de la singularité du sujet.
Des nouvelles très prochainement de notre soirée du 13 mai 27 mai !
Mercredi 27 mai :
Marie Izard Delahaye et Nathalie Hervé Diop accueilleront David Delaunay, directeur de l’AVIPP (Association d’Aide aux Victimes et d’Informations sur les Problèmes Pénaux), Véronique Delaunay, responsable du service d’Aide aux Victimes et Anne-Danièle Lanos-Joulin, membre de l’ACF-Normandie et psychologue à l’AVIPP. Ils viendront, dans le prolongement de la soirée qui nous a réunis autour de Monsieur Berkani et de Marie Claude Lardeux, nous parler de leur expérience autour de la notion de victime, nous nous préparerons donc ainsi d’une autre façon à la rencontre des 4 et 5 juillet de l’Eurofédération de Psychanalyse PIPOL 7 sur ce signifiant maître victime en nous posant la question : qu’en dit la psychanalyse d’orientation lacanienne aujourd’hui ? Il faut rappeler que l’ACF - Normandie fait partie de l’Eurofédération de psychanalyse et que cette rencontre de Bruxelles sera un moment important pour parler, échanger, écouter nos collègues psychanalystes d’autres pays européens, occasion à ne pas manquer pour connaître un peu mieux cette zone du monde qui a été traversée au passé et l’est aussi en ce moment par ce signifiant victime de multiples façons.
La prise en compte de la victime au-delà de la notion de réparation est récente dans l’histoire de la justice, la répression étant jusqu’alors sa priorité pour sauvegarder les intérêts de la société. Ce n’est que depuis les années 70-80 que le secteur socio-judiciaire s’est développé avec notamment la création des Associations d’Aide aux Victimes. Elles sont chargées d’accueillir les victimes d’infractions pénales, de les informer sur leurs droits, de leur proposer une aide psychologique, d’assurer éventuellement un accompagnement tout au long de la procédure judiciaire. Le terme de « victime d’infraction pénale » recouvre des réalités très différentes (des atteintes aux biens d’autrui, des atteintes aux personnes, à leur intégrité physique), aussi l’accompagnement proposé par l’équipe pluridisciplinaire de l’AVIPP (Association d’Aide aux Victimes et d’Informations sur les Problèmes Pénaux) prend-il en compte ces particularités et a la volonté de contribuer à resituer la victime dans sa position de sujet et de lui permettre d’être davantage actrice au cours de la procédure dans laquelle elle est engagée.
David DELAUNAY, directeur de l’AVIPP présentera l’association et ses actions ainsi que sa perception de l’avenir de l’aide aux victimes.
A partir de situations concrètes Véronique DELAUNAY, responsable du service, partagera avec nous son expérience de juriste auprès des victimes.
Anne-Danièle LANOS-JOULIN, psychologue, nous parlera des spécificités de la prise en charge des personnes victimes liées à la procédure pénale et à la clinique du trauma.
Ce séminaire se tiendra au Théâtre de l’écho du Robec, les mercredis 21 janvier, 18 mars, 13 mai ANNULÉ et reporté au 27 mai de 21h à 23h.
Théâtre de l’Écho du Robec, 4 impasse Marais de Carville, à Darnétal (76).
Renseignements :
Marie Izard Delahaye
ou
Nathalie Hervé Diop
Accès :
Le Théâtre de l’Echo du Robec se situe à l’est de Rouen, non loin de l’Ecole d’architecture, et presque au pied de l’église et de la tour de Carville.
En voiture : accès direct par la rocade Est de Rouen, ou par la route de Darnétal puis rue Lucien Fromage.
On peut se garer dans la même rue que le théâtre : le laisser sur votre droite et filer à gauche : il y a un petit parking à une centaine de mètres.
En TEOR : ligne 3 arrêt « Ecole d’architecture » ; emprunter la rue Fromage jusqu’à l’impasse des marais de Carville située à votre droite.
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