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Publié le mardi 15 octobre 2024
Séminaire Janus « Lacan pour tous » – 2024-25
Alpha plus Bêta, un lieu pour parler de la théorie : « Comment ça commence ? Les enjeux des premiers entretiens »
Les mercredis 27 novembre, 18 décembre 2024, 29 janvier, 5 mars, 30 avril, 21 mai 2025 -20h30 - Visioconférence

Le Séminaire Janus comporte Alpha plus Bêta : un lieu pour parler de la théorie et Schmilblick, un lieu pour parler des pratiques. Alpha plus Bêta et Schmilblick ne sont pas symétriques l’un de l’autre...
La théorie psychanalytique ne constitue pas un ensemble fermé, un tout dogmatique, mais au contraire un ensemble ouvert (sans totalité), toujours remanié par l’opacité ou le réel qui aimante la pratique. L’enseignement de Lacan est radical parce qu’il met la faille entre théorie et pratique1 au cœur de l’élaboration de l’expérience analytique – cette faille traverse la théorie elle-même, qu’on la nomme sujet, manque, trou, objet a, jouissance etc. Au fond cette faille est liée à l’incidence du langage en tant que tel, elle est liée à l’impact du signifiant sur les corps parlants et les développements logiques qui en sont la conséquence.
Voilà le point de départ de la pratique et de la théorie psychanalytiques. Parler de logique signifiante vient déplacer la question des rapports entre théorie et pratique ; elle nous met sur la piste de la lecture et de l’écriture. Qu’est-ce qui se lit dans une pratique ? Qu’est-ce qui peut s’en écrire ? Quels sont les liens entre la lecture et l’écriture ? Entre l’opacité et le sens ? C’est à partir de la parole et du signifiant qu’une pratique qui a pour boussole la psychanalyse peut opérer, avec l’éthique du bien-dire, même si le praticien s’oriente, lui, à partir de ce qui résiste au sens, de ce qui fait opacité.
Nous vous proposons de venir parler de théorie à partir de ce point de départ. Pour cela, chaque soirée sera animée par un binôme. L’un aura écrit le texte d’un cas ou d’une situation issue de sa pratique, l’autre l’aura lu et de sa lecture découlera un premier travail en commun ; ils nous en livreront le résultat qui mettra en exergue les concepts permettant une lecture du cas ; ceci rendra possible une conversation autour de toutes ces élucubrations.
Alpha plus Bêta s’adresse à tous ceux qui sont taraudés par leur pratique et la tentative de l’éclairer, d’en rendre compte, et plus particulièrement aux jeunes praticiens, et aux moins jeunes ! Alpha plus Bêta s’adresse aussi aux étudiants et à tous ceux qui s’intéressent à l’enseignement de Lacan, et se demandent comment… le lire !
Le Séminaire Janus comporte, outre Alpha plus Bêta, Schmilblick , un lieu pour parler des pratiques, qui n’a pas lieu le même jour. Schmilblick n’est pas symétrique d’Alpha plus Bêta ; tous ceux qui participent à Schmilblick sont invités à venir à Alpha plus Bêta, l’inverse n’est pas proscrit mais n’est pas prescrit non plus ! A chacun de faire selon son goût !
Marie-Hélène Doguet-Dziomba
Note :
1 Notre époque psy, celle du DSM, se veut « athéorique », aspirant à dissoudre le champ de la clinique dans des listes syndromiques sous la férule des « preuves scientifiques » souvent assimilées à des chiffres voire des algorithmes. Ces listes « athéoriques » sont d’une autre nature que ce que Lacan appelait « l’enveloppe formelle du symptôme », elles sont déconnectées du réel de chaque patient, et méconnaissent la logique signifiante qui donne son armature structurale à chaque cas. Elles laissent de côté le rapport complexe entre théorie et pratique. Car une pratique est toujours sous-tendue par une théorie qui n’a pas besoin d’être éclairée pour avoir des effets ; et une pratique s’inscrit toujours dans un discours qui lui donne son cadre ; quant à la théorie d’une pratique, elle suppose toujours un certain usage du concept, un « mésusage » selon Lacan, si l’on considère que jamais un concept n’abolira le réel en jeu dans la pratique.
Nous allons poursuivre le Séminaire cette année selon la même méthode : un texte soutenu par un binôme – un praticien qui l’écrit, un lecteur dont la lecture introduit nécessairement du nouveau dans l’écrit – fait l’objet d’une conversation avec tous les autres lecteurs qui l’auront reçu en amont de la soirée. Nous avons choisi comme fil conducteur pour cette année la question suivante :
Bien sûr « ça » commence dès la première rencontre entre le patient et le praticien, mais il y a toute une séquence, qu’on ne pourra d’ailleurs isoler que rétroactivement, nommée par Lacan « entretiens préliminaires1 » : ces derniers ne signifient pas que « ça n’a pas commencé » mais qu’ils constituent un temps nécessaire, variable et singulier pour chaque patient, consacré grâce à la manœuvre et au dire du praticien d’orientation lacanienne, à produire chez le patient une transformation de son rapport à la parole. Une telle transformation ne relève d’aucun protocole préétabli ni de standard ou de « critères ». De quelle transformation s’agit-il ? Cette question nous plonge au cœur du discours analytique, elle convoque une « pragmatique de la pratique », au cas par cas, quelle que soit la structure subjective du patient – névrose, psychose ou perversion – , quel que soit « l’âge » du patient – le « jeune sujet » pris dans l’étau de la langue familiale, dans la demande et le désir de l’Autre, dans ce qui fait symptôme familial, conjugal ou maternel, pourra se transformer d’objet de jouissance en sujet divisé, trouvant, grâce au discours analytique, la voie de son désir et de ses inventions symptomatiques propres à son énonciation singulière (dégagée de ce qui faisait injonction pour lui).
Marie-Hélène Doguet-Dziomba, responsable du Séminaire
Note :
1 « Il n’y a pas d’entrée possible dans l’analyse sans entretiens préliminaires » J. Lacan, Je parle aux murs, Paris, Seuil, 2011, p. 43.
Nous partons de la question « qu’est-ce qui amène quelqu’un à vouloir rencontrer un analyste ? » Pour reprendre les propos d’Yves Vanderveken1, il faut d’abord trouver à donner un espace, un lieu pour que cette question puisse se déployer sans qu’elle ne soit « écrasée » – laisser parler le patient sans jugement ni suggestion ni questionnaire préétabli. Le laisser parler pour que « sa langue privée du symptôme » puisse se construire, exister ou advenir. Pour cela il faut que le praticien puisse incarner une position « symptomatique » d’objet, c’est-à-dire une position à rebours de celle du maître qui prescrit ou veut colmater le malaise – par son silence, ses ponctuations, son questionnement discret, son écart décidé et ajusté par rapport au discours courant etc.
Cette position d’objet symptomatique permet à la fois de recueillir une « moisson de signifiants » selon l’expression de J.-A. Miller – les signifiants de l’Autre familial qui constituent le tissu d’une histoire –, mais aussi cette position donne goût au patient à une mise en forme de ce qui, dans ces signifiants, fait symptôme pour lui et rien que pour lui. Ce qui lui fait horreur, ce qu’il rejette comme étranger à l’idée qu’il se fait de lui-même tout en s’y sentant concerné dans son être (ou pas), ce qui le fait vaciller, s’évanouir subjectivement, ce qui fait surgir l’angoisse ou ce qui le pétrifie et le mortifie etc. Tous ces éprouvés qui convoquent le corps libidinal de jouissance mettent au cœur des « entretiens préliminaires » le sujet divisé par une jouissance à lui-même ignorée, ils mettent à l’horizon la transformation du patient en « corps parlant » et en « parlêtre ».
Le sujet divisé, fendu par le symptôme, est notre point de départ, mais la position incarnée par le praticien est la condition nécessaire à sa production et à sa mise au travail. Sa position doit soutenir la mise en place du transfert. Lacan a situé le ressort du transfert de façon radicale en le déplaçant « là où le signifiant est séparé de sa signification2 ». Pour que « ça commence », il faut que quelque chose dans le discours du patient ait pu être isolé, dégagé, souligné et être élevé à la dignité d’un signifiant, il faut « le signifiant du transfert » – ce signifiant extrait du dire du patient, il ne sait pas ce que ça veut dire, c’est une énigme qui le concerne et qui appelle d’autres signifiants pour prendre rétroactivement un sens, une direction et que puissent émerger les différents signifiés de ce message brouillé, de cette énigme qui emporte la perplexité.
Le sujet divisé suppose un savoir nouveau qui se déroule sur une « Autre scène », le savoir de l’inconscient que le praticien verse au compte du patient – c’est là un point fondamental dans la transformation du rapport du patient à la parole. Le savoir est du côté de l’inconscient, il est à déchiffrer comme une énigme, il est un fragment d’écrit à « éditer » et à lire.
Le sujet divisé implique aussi une transformation de la demande. Il ne s’agit plus seulement de la « plainte » et de la demande de l’Autre – la demande « sociale », la demande de l’Autre familial, la demande à l’Autre de la maîtrise, mais d’une « demande analytique » où le sujet met en jeu les signifiants primordiaux de sa demande et au-delà, des embrouilles son désir.
Notes :
1 Y. Venderveken, « Les entretiens préliminaires revisités », La Cause du désir, n°117, Commencements en analyse, Navarin éditeur, pp. 47-52..
2 J.-A. Miller, « Come iniziano le analisi », La Cause freudienne, n°29, février 1995, p. 9.
Mercredi 27 novembre :
Séance animée par Marie-Hélène Doguet-Dziomba et Cyril Duhamel
Cyril Duhamel rend compte dans son texte avec subtilité des enjeux des premiers entretiens avec Mr B. Il nous montre, à partir de la position qu’il a prise dans le transfert, comment une mutation dans le rapport de Mr B à la parole va s’opérer. Mr B arrive dans l’après-coup d’une TS grave heureusement avortée et de l’hospitalisation qui s’en est suivie.
Deux phrases initiales situent précisément ce à quoi Mr B est confronté : « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, j’ai eu un trou » et « je me sens minable, je suis bon à rien, je me déteste, je me demande pourquoi ma femme ne m’a pas encore jeté ». Sa parole mêle perplexité massive, dévalorisation et indignité mais aussi l’idée qu’il est « victime » d’une « histoire de dingue » où il ne serait impliqué que par « qu’en dira-t-on » (licenciement lié à un « harcèlement sexuel »).
Avec tact, Cyril récuse le qu’en dira-t-on, et répond de façon décalée à la demande de « conseils » que lui adresse Mr B. « Conseils » est un signifiant maître pour Mr B., il devient le signifiant du transfert et va permettre à Mr B. de déployer une chaîne de signifiants qui historise a minima sa position de « vilain petit canard » sous le poids d’une signification d’humiliation. Cette chaîne qui vient border le « trou » initial est un appui qui permet à Mr B. de concéder qu’il a fait « une blague sexiste » à une collègue. L’énigme et la perplexité sont toujours au rendez-vous mais Mr B. est impliqué dans la réponse qui s’en est produit.
Mr B. commence aussi à mettre en forme ce qui a fait symptôme depuis son enfance.
Cyril déploie dans son texte comment la position interprétative qu’il a pris dans le transfert a permis ce début de « rectification subjective », condition fondamentale pour que l’expérience d’analysant puisse s’engager.
Marie-Hélène Doguet Dziomba
Mercredi 18 décembre
Séance animée par Jeanne Spiess et Serge Dziomba
« La question du bain de langage et ses effets »
Le texte de Jeanne Spiess nous introduit aux questions décisives suivantes : comment faire avec un adolescent de quinze ans, dont les parents affolés par ses mises en danger répétitives demandent crûment avec avidité qu’il rencontre un psychologue ? Par quel bout attraper la situation alors que l’adolescent n’en voit pas là pertinence, en affirme l’inutilité, semble refuser la démarche ? Comment s’orienter pour orienter ces entretiens ? Quels sont les points d’appui pouvant être relevés dans les propos de ce jeune homme se présentant rétif et vent debout contre cette démarche exigée une fois de plus par des parents qui font fi de lui, de ses désirs, tel qu’il l’énonce ?
Théo ne se présente pas a priori par la dimension de ses aspirations, la projection d’un idéal, le rêve d’un futur, des craintes quant à sa réalisation, bref des pensées qui donnent l’indice d’un « monde », de « son monde ». Il ne se présente pas non plus par une narration touchant à son histoire. Il vient plutôt marqué par la répétition d’actes violents. Il est agi par son corps qui s’agite, par la violence qui le prend sans le lâcher.
La particularité de Théo tient à la façon dont son corps est percuté par des paroles dont il est le destinataire. Ici se lit un mode de lien entre le signifiant et le corps : il est hyper sensible aux injonctions. Sa façon singulière d’être troublé par ce type de paroles prononcées à son endroit se décline autour du mot « frappe ». Frappé par des paroles il frappe des murs et des corps et en retour il se frappe en frappant et se fait frapper. Ici se décline le circuit pulsionnel dans lequel Théo est pris et où l’agi est au premier plan.
Comment alors introduire un autre statut de la parole déjouant la frappe qui l’emprisonne ?
Manier le signifiant devient alors central. Ce qui se manifeste chez Théo par la violence du corps qui s’agite doit pouvoir se diriger vers le signifiant pour substituer au trouble du corps, à son action, l’action du signifiant. Ce parti pris de Jeanne Spiess mis sur une pratique de la parole orientée vise à permettre à Théo un dire qui puisse inclure sa façon propre d’être intéressé dans ce qui se répète encore et encore. Qu’il y est chance pour Théo de considérer ce dans quoi il est pris à partir de la frappe, qu’il puisse s’en sentir concerné. L’enjeu est celui d’une réorientation du corps coincé par la frappe.
Dans ce cadre un éclairage porté sur « le bain de langage », l’atmosphère produit par les signifiants familiaux, les interprétations de l’enfant qui en ont découlé, leurs effets qui aimantent Théo, est au premier plan de notre soirée du séminaire Janus de ce mois de décembre. Que Théo avec ce qu’en indique Jeanne Spiess soient ici remerciés pour ce qu’ils en enseignent.
Serge Dziomba
Mercredi 29 janvier
Séance animée par Catherine Grosbois et Marie-Hélène Doguet-Dziomba
Catherine Grosbois nous montre avec tact l’enjeu des premières rencontres avec Louison, un jeune garçon autiste, et sa mère – et la suite qu’elles rendront possible. Tout commence avec l’installation d’une structure de substitution : il va s’agir que Louison accepte de passer du bureau de l’infirmière qui le recevait avec sa mère jusque-là, au bureau de Catherine et qu’il puisse y « prendre place » au sens fort du terme – cela se fera avec l’appui du train avec lequel il faisait déjà des circuits dans le bureau de l’infirmière, qui l’accompagne puis s’en va, et qu’il puisse y substituer les voitures du garage, pas à n’importe quel moment de l’entretien et pas sans un échange de regard avec Catherine.
Cet « échange » se fera au moment où la mère parle de son accouchement et de l’expérience « bizarre » qu’il a constitué pour elle : un début d’éclampsie qui a précipité un accouchement prématuré dans une ambiance de panique de l’Autre plutôt aveugle à ce qui se tramait, quelque chose qui n’a pas été senti par elle comme « vrai », un accouchement qui n’a pas eu lieu, un enfant mis en couveuse qu’elle n’a pu voir que le lendemain et prendre dans ses bras que quatre jours plus tard.
La rencontre s’achèvera sur le problème du point d’arrêt des voitures qui roulent le long du toit du garage pour tomber loin de la main de Louison – problème que Catherine va prendre très au sérieux. Louison est en effet un garçon dont le corps semble sans colonne vertébrale, qui coule, tombe, se heurte aux chambranles des portes, se frappe, et qui trouve appui sur le corps de sa mère ; il utilise sans distinction les ongles de sa mère pour curer les siens et réciproquement. Louison parle peu, de façon inaudible, et ses gestes qui semblent dénoués de la parole sont souvent interprétés à l’inverse de ce qu’il souhaite. L’opposition signifiante (oui/non, salé/sucré par exemple) le plonge dans la perplexité – son visage se fige, et il se replie sur lui.
Un travail patient, à plusieurs, permettra à la mère d’accepter que son fils vienne à l’Hôpital de jour, avec un long trajet en taxi, tout en restant dans son école qu’il ne veut pas quitter car il ne veut pas changer de copains. Il va pouvoir s’emparer à sa façon de ce qu’on va lui proposer – pas sans prendre en compte le problème auquel il est confronté. Par exemple s’appuyer sur un poney puis rouler à vélo, tout en mettant au point des constructions de Lego de plus en plus complexes, où la forme (et non la couleur) des pièces qui s’encastrent et leur articulation avec le vide d’un tiroir lui permettront d’inventer un mode de rangement très efficace ! Tous ces circuits sous transfert, pas sans les autres qui ont pu rentrer dans son monde, lui permettent de se construire un corps, et d’ouvrir à un autre usage de la parole avec une sortie de la perplexité et l’affirmation d’un oui ou d’un non – quelque chose de son énonciation peut être reçu par d’autres. Cette ouverture se confirme avec l’usage possible de l’écriture et de la lecture – puis le relai pris et accepté par le SESSAD d’un IME.
Marie-Hélène Doguet-Dziomba
Mercredi 5 mars
Séance animée par Alexia Hautot Lefebvre et Marie Izard
L’ inédit dans la rencontre avec un praticien d’orientation psychanalytique est de se confronter à une manière d’être interrogé particulière, nouvelle. Il y faut un certain savoir y faire de l’analyste, une manière de questionner sans complaisance, mais sans acharnement, y aller, mais pas trop vite : Si c’est la précipitation, le risque est de considérer celui qui vous demande « comme quelqu’un que vous devez pétrir. C ‘est tout le contraire, c ‘est le pétrisseur analysant qui se met au travail en malaxant sa propre motérialité pour qu’elle devienne aérée et malléable1 ».
« Il faut laisser les gens parler quand ils viennent demander quelque chose2 »
Mais quand la parole se fait rare, quand le silence s’introduit dans les séances ? Alexia démontre en acte la façon dont elle se débrouille avec une patiente qui parle peu, avec les silences de celle-ci. L’enjeu des entretiens est que le langage produise des effets sur la jouissance du symptôme dont se plaint le sujet. Les entretiens préliminaires sont un aperçu sur le réel dont le sujet se défend.
Qu’en est il pour madame H. ?
Madame H. arrive en séance avec une plainte centrée sur des symptômes somatiques persistants depuis quelques années. Elle est dans une position passivée et d’énigme quant à son état. Elle pleure beaucoup, répète je ne sais pas et reste enfermée dans une causalité organique.
Alexia adopte une position de soutien cherchant à ouvrir un dire plutôt qu’à forcer des explications. Elle souligne en manifestant sa surprise le caractère limité de l’explication par une bactérie et la répétition des résultats négatifs. Et surtout elle prend le temps : « C ‘est une chose délicate de commencer à recevoir quelqu’un3 », il s’agit de soupeser la demande, de la prendre avec des pincettes4. « Lacan insiste sur le nécessaire de ce temps. Il faut aller vite mais lentement5 ».
L’objet regard est présent dès le tout premier entretien et traverse la trajectoire de la patiente. Son insistance à fixer le regard de l’analyste de manière marquée indique d’emblée un enjeu pulsionnel autour du regard. Diverses déclinaisons du regard font ainsi leur apparition dans le cadre des entretiens ; entre le regard de ses parents en tant qu’ils attendent d’elle la perfection et le regard perdu, absent du jeune homme qui la viole, mais bien d’autres encore.
Les émoticones semblent faire partie de cette série. Alors qu’elle parle peu, elle passe par une autre voie : elle envoie des émoticones, formes minimales de signifiants visuels, avant de pouvoir mettre des mots, puis des phrases. Alexia accueille cette invention avec patience et délicatesse, invention qui s’enrichit jusqu’à ce qu’Alexia saisisse le moment opportun pour que la parole prenne le relais. Un travail de symbolisation, travail de la parole est en marche.
Marie Izard
Notes :
1 Meseguer O., Hebdo blog, 21 janvier 2024
2 Lacan J., Excursus, Lacan in italia,1953-1978,Milan, La Salamandra, 1978, p.95-96
3 Meseguer O., Ibid
4 Lacan J., Je parle aux murs, Paris, Seuil, 2011, p.43
5 Meseguer O., Ibid
Mercredi 30 avril
Mercredi 21 mai
Ce séminaire est organisé sous la responsabilité de Marie-Hélène Doguet-Dziomba.
Il aura lieu les mercredis 27 novembre, 18 décembre 2024, 29 janvier, 5 mars, 30 avril, 21 mai 2025 -20h30 à 20h30.
Ces séances auront lieu en visioconférence.
Participation aux frais : 5 € par soirée ou 25 € pour l’année et pour l’ensemble des séminaires proposés par l’ACF-Normandie. Réduction de 50 % pour les étudiants.
Contacter Marie-Hélène Doguet-Dziomba pour obtenir des renseignements et s’inscrire
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