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Publié le mardi 17 octobre 2023
Université Populaire Jacques-Lacan
IRONIK ! – Octobre 2023
Le bulletin Uforca numéro 56
Si la notion de normal n’avait pas pris pareille extension à la suite des accidents de l’histoire, l’analyse n’aurait jamais vu le jour1 », déclare Lacan dans …ou pire. Cette affirmation a de quoi surprendre. La naissance du discours analytique serait-elle articulée à la question du normal ?
L’écart éprouvé entre les idéaux, où il loge la notion de normal, et ce dont il jouit, peut en effet amener un sujet à rencontrer un analyste. Untel ne parvient pas à avoir une vie amoureuse normale, car à chaque fois qu’il fait une rencontre, il ne tarde pas à prendre la poudre d’escampette. Tel autre est dans l’impossibilité de garder le travail de ses rêves car il se dispute systématiquement avec ses collègues. Celle-ci encore ne peut s’occuper sereinement de ses enfants sans avoir parfois d’étranges pensées.
Croire à l’idéal de ce qui serait « normal » peut donner à un sujet l’illusion qu’il existe un signifiant dans lequel il pourrait loger son être. Parler à quelqu’un peut alors être envisagé comme une voie de normalisation, un moyen de parvenir à ce signifiant afin de combler un décalage. Le sujet tente de dire ce qui cloche, parfois longtemps accompagné d’un idéal de normalité.
Dans le discours courant, cette notion tend à s’effacer et à devenir une grossièreté. En effet, se multiplient les catégories par lesquelles les sujets cherchent à se définir et à se classer, tentant de ne plus faire référence à une norme. Si se situer dans une catégorie peut procurer un soulagement, cela maintient le malentendu qu’un signifiant pourrait tout dire d’un sujet, sans équivoque. Le signifiant est alors utilisé à nouveau dans une tentative de combler un écart et peut se retourner en une norme féroce. Ainsi, cet homme sort peu de chez lui car, se reconnaissant sous le signifiant autiste, et ayant lu que ceux-ci sont agoraphobes, il se pense agoraphobe. Cela lui pose certaines difficultés dans son milieu professionnel. Or, ce sujet en particulier est plutôt soulagé de ses symptômes dans une foule, car il s’y sent anonyme. Une fois ceci énoncé, il envisage que l’on puisse être autiste sans être agoraphobe, il peut alors circuler plus facilement.
Mais dès lors que l’on parle, que l’on tente de nommer ce que l’on éprouve, ne court-on pas le risque de boucher le décalage éprouvé ? En effet, il n’y a ni adéquation ni correspondance entre le langage et la jouissance. Quelque chose échappe toujours aux dits et si le sujet tente de s’y conformer, ils peuvent se transformer en injonctions normatives. En quoi la rencontre avec un analyste permet-elle de jouer sa partie différemment ? Car là aussi « il s’agit seulement de paroles2 ».
L’expérience analytique fait cependant apercevoir que le sujet de l’inconscient a à voir avec l’ellipse. Sitôt que ce qui apparaît comme une vérité est énoncé, cela ne semble pas suffire, ce qui pousse à continuer à dérouler le fil de la parole. À force de parler, il est néanmoins possible de se décaler des vérités entrevues et de constater que la parole recèle en elle-même une jouissance hors norme. Elle peut alors être utilisée non pas comme une tentative de boucher un écart, mais au contraire en incluant cet écart, ce trou dans ce qui se dit. Dans cet espace, on peut situer le bien-dire. N’est-ce pas ce que Lacan évoque dans « Télévision » : « ce que je fais, de ma pratique tirer l’éthique du Bien-dire3 » ? Faire avec le trou.
Laura Vigué
Notes :
1 Lacan J., Le Séminaire, livre XIX, …ou pire, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2011, p. 71
2 Lacan J., « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 586.
3 Lacan J., « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 541
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