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Publié le dimanche 13 novembre 2022

Les membres proposent... 2022-23

Studiolo

Les mercredi 7 décembre, jeudis 12 janvier, 2 mars- 21h – Visioconférence


Lecture à plusieurs du livre d’Éric Laurent L’envers de la biopolitique. Une écriture pour la jouissance


Plusieurs membres de l’ACF en Normandie se réunissent par zoom chaque mois pour lire ensemble et commenter le livre d’Éric Laurent, dans un aller et retour avec les textes de Lacan que lui-même commente.

S’en dégagent les perspectives nouvelles hque le dernier enseignement de Lacan met à jour pas sans se référer à l’ensemble de son enseignement.


- Jeudi 17 novembre Mercredi 7 décembre

Nous poursuivrons notre lecture du chapitre « Joyce et la pragmatique du saint homme » à la partie intitulée « Le saint et la castration ». Mais auparavant, Marie-Hélène Doguet Dziomba reprendra la question de la nature, à partir du premier chapitre du séminaire Le Sinthome.


Dans l’après-coup de la séance du 7 décembre 2022


Lors de notre précédente rencontre, une phrase nous avait interpellés : « Lacan met en cause ce point de départ de l’artiste, puisque, dès que Joyce se nomme artiste, il se met en face de la nature, c’est-à-dire qu’il s’en extrait1 ». Marie-Hélène ayant pensé à une citation issue du séminaire XXIII2, nous en a fait lecture, permettant d’éclairer la notion de nature en tant que n’étant « pas une », précisant que du fait même de la nommer, la nature s’affirme d’être un « pot-pourri de hors nature ». C’est-à-dire qu’en la distinguant par son nom, elle devient un pot-pourri de hors nature et donc, elle n’est pas une. Ce que Lacan amène ici, avec la nomination, c’est la question du pas-tout. Parce que, dès lors que l’on nomme des choses, on ne peut les nommer que une par une.

Cela éclaire le fait que dès que quelque chose s’ajoute au réel, ça dénature. Lacan, dans ce texte ne va pas du côté du Nom-du-Père, mais du côté du pas-tout. Il ne s’agit pas de dire que le sexe n’est rien de naturel, mais de savoir ce qu’il en est dans chaque cas : « de la bactérie à l’oiseau », tout ce qui peut être nommé. Et, nous précise Lacan, tout ce qu’Adam a nommé, il l’a fait dans la langue d’Eve. Ainsi, lorsque « Joyce se nomme artiste, il se met en face de la nature ». Le parlêtre s’ajoute comme trou à la nature. Il fait trou dans la nature, en tant qu’il est parlant et qu’il la nomme. Ni le parlêtre, ni la nature ne sont naturels, puisqu’il y a la nomination. Les conséquences en sont que, pour l’être parlant la nature n’est plus naturelle.

Nous avons poursuivi, ensuite notre lecture du livre d’E. Laurent. Pour Joyce, à la place du texte absent, il y a l’art qui permet de produire le rapport « au manque central de son inconscient3 ». Chez Joyce, il n’y a pas l’hypothèse de l’inconscient freudien, c’est-à-dire qu’il n’y a pas le Nom-du-Père mais, par contre, il y a l’escabeau, l’orgueil, l’art-gueil. Il a de son art, art-gueil « jusqu’à plus soif4 ». Lacan en déduit qu’« il Joyce trop ». C’est-à-dire qu’il jouit trop de l’escabeau pour être un saint. Il jouit de son vouloir dire qui est, par son art, de constituer ce que Joyce a appelé « la conscience incréée de sa race5 » . C’est-à-dire que ça ne passe pas par le Nom-du-Père.

Lorsque E. Laurent écrit que « Le saint est le rebut de la jouissance reconnue par le discours dont il procède et où il vient en position d’objet a6 », il aborde là, la position de déchet, mais par une voie qui est à chaque fois singulière.

Il a ensuite été question de la notion de l’escabeau et de celle de scabeaustration. « Le psychanalyste[…] monté sur l’escabeau […] il n’y a pas moins scabeaustration : quand il opère, il ne jouit pas – contrairement à l’analysant qui jouit de la parole à plein pot7. » L’escabeau, c’est la jouissance de la parole, du sens-joui. C’est la position par rapport au dispositif analytique, où l’on vient pour parler, où on est engagé à le faire et donc on jouit de cette parole, on jouit du sens, on associe autour, … C’est le travail de l’analyse. Le passage à l’analyste implique que la jouissance phallique se sépare, qu’il y a un assèchement du désir. Ce désir qui circule entre les signifiants, qui renvoie aux significations qui en produisent d’autres etc, s’assèche, se dégonfle. Le passage à l’analyste, est un autre type de castration. Ce n’est pas la castration ressentie comme quelque chose de désagréable, d’insupportable d’une blessure narcissique, mais là, elle est consentie. Donc, là où il y avait l’escabeau, ça se sépare et c’est cela qui permet le passage à l’analyste, où il y a retrouvaille avec la dimension de la position analysante, mais à l’endroit de la cause analytique et donc de l’École.

Alexia Lefebvre-Hautot

Notes :
1 Laurent E., L’envers de la biopolitique, éd.Navarin, Le champ Freudien, p. 147.
2 Lacan J., Séminaire livre XXIII, Le sinthome, pages 12-13.
3 Laurent E., op.cit., p. 150.
4 Ibid., p.151.
5 Ibid., p.150.
6 Ibid., p.154.
7 Ibid., p.153



-  Jeudi 12 janvier

Nous poursuivrons l’étude du livre d’E. Laurent, à partir de la page 154, « La voie de la farce »


Dans l’après-coup de la séance du 12 janvier 2023


Lors de cette séance de travail, nous avons poursuivi la lecture du livre d’E. Laurent, L’envers de la biopolitique, des pages 154 à 161.

Cela nous a donné l’occasion d’éclairer la question de « la farce », qui se présente comme une énigme à déchiffrer et se révèle à partir du rire. Farce dont on peut dire qu’elle montre un certain maniement de la lettre – « qui n’est plus une lettre en souffrance1 ». E. Laurent indique qu’ « il s’agit de la preuve par le rire que le particulier d’une femme est visé par la farce de la lettre […] La farce est énigme, pas message – le rire indique qu’elle est reçue comme telle2 ». Bloom3 use d’un pseudonyme, « Henry Flower », « Flower » impliquant une féminisation permettant davantage le rire. Il y a un destinataire, qui est une femme et elle en rit. Voilà le point essentiel dans la farce c’est que, cette femme qui en rit, fait surgir l’au-delà du phallus et le saint comme objet, de part la féminisation. Bloom est du côté de l’objet, à partir de la féminisation, et non pas du phallus.

La poursuite du texte nous a permis de nous arrêter sur la question de la plus-value, dont Lacan fait usage dans une dimension de quelque chose qui est soutiré. E. Laurent donne l’exemple des frères mendiants qui font payer leur subsistance à un autre. A contrario, Marx fait de la plus-value, la caractéristique économique du capitalisme, à savoir : un rapport économique de classe.

Il faut distinguer l’usage fait par Lacan de cette homologie où il aborde l’objet a comme ce qui est extrait du rapport entre S1 et S2, en tant que chaîne, ayant pour effet un sujet et comme production la plus-value. La plus-value est une extraction, ce qui représente la structure du discours du maître, du discours de l’inconscient. Le sujet est un pur effet de la chaîne et n’est pas actif, d’où les identifications et tout ce qui relève du côté symbolique et imaginaire. D’un autre côté, se trouve l’objet a, qui est en place de ce qui est produit de cette articulation. En aucun cas, la machine symbolique n’aura accès à cet objet qui est produit. C’est le discours de l’inconscient. C’est la structure désignée et généralisée par Lacan, là où Marx en fait une affaire de rapport économique de deux classes sociales, antagoniques. Une classe veut ponctionner plus de profit afin de dégager de la plus-value. Mais, il y a un réel, lié à l’autre classe qui passe son temps à s’opposer à ça. Là où Marx en fait une affaire économique, Lacan l’étend à l’économie de l’inconscient. Il en fait une affaire de jouissance, et il généralise cette plus-value, qu’il appelle l’objet a, qui est une homologie. Il prend le modèle que Marx a inventé, pour l’appliquer à l’inconscient analytique.

Dans ce rapport économique selon le modèle marxien, l’argent qui est extrait, cette plus-value n’est plus en position de déchet, mais est valorisé. Bloom, publicitaire, dévoie la cause de l’objet déchet. Cela fait dire à Lacan que ce n’est « pas cher » et ce, par rapport au statut de l’objet dans le discours analytique. C’est là que s’oppose la question du marché et la question de la dîme prélevée sur les autres. La dîme que les moines mendiants prélèvent et peut-être aussi le psychanalyste, puisque E. Laurent y voit une « sortie du discours capitaliste », formule que Lacan propose dans « Télévision ». Quelque chose du discours de l’analyste ne rentrerait pas dans la question du marché, et en serait même une sortie. Faute de quoi, la psychanalyse ne serait plus un discours, mais inscrite dans une méthode psychothérapique parmi d’autres.


Alexia Lefebvre-Hautot

Notes :
1 Laurent E., L’envers de la biopolitique, éd.Navarin, Le champ Freudien, p. 152.
2 Ibid., p. 157.
3 Joyce J., Ulysse, Trad. et éd. s/dir. J.Aubert, Paris, Gallimard, Coll. Folio classique, 2004, 2013



-  Jeudi 2 mars

Nous poursuivrons l’étude du livre d’E. Laurent, à partir de la page 162.


Studiolo

Le jeudi 17 novembre, ANNULÉ et reporté au mercredi 7 décembre, les jeudis 12 janvier, 2 mars à 21h en visioconférence ZOOM

Un lien Zoom est adressé aux participants avant chaque séance.

Participation aux frais : 5 € par soirée ou 25 € pour l’année et pour l’ensemble des activités et séminaires proposés par l’ACF-Normandie. Réduction de 50 % pour les étudiants.

Responsable et contact : Alexia Lefebvre Hautot
Pour contacter la responsable : envoyer un mail


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