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Publié le lundi 25 juillet 2022

Université Populaire Jacques-Lacan

IRONIK ! – Juillet 2022

Le bulletin Uforca numéro 51




LE RIRE D’EOLE

Le langage, cet indomptable


Pas de psychanalyse sans parole ni langage. Au même titre que l’inconscient et l’interprétation, la parole et le langage pourraient être aussi considérés comme des « mots de la tribu1 ». Mais au même titre que le statut de l’interprétation peut être repensé selon que celle-ci est ponctuation ou coupure2, la parole peut être conçue selon son versant autistique, vecteur de satisfaction, d’apparole3. Le langage, lui, bien loin d’être seulement le réceptacle et le tourniquet des significations, peut être lieu et occasion de résonances, mettant « en valeur la matière qui, dans le son, excède le sens4 ». Ces deux abords signent un souci constant pour leur matière, leur densité, leur obscurité, leurs mouvements, leurs surprises. À l’inverse, certains discours d’aujourd’hui font usage d’un langage pauvre, sans splendeur, vidé de tout potentiel à déchiffrer comme de matière à entendre et à faire résonner.

La psychanalyse lacanienne se situe sur d’autres terres que celles de certains discours de notre temps, lesquels, comme le dit Clotilde Leguil dans ce numéro, s’accompagnent d’une croyance en une maîtrise possible du langage5. L’éthique qui meut l’orientation lacanienne vient creuser, forer, le contentement qui se dégage de cette conception où le langage est cette boîte compacte, dénué de transcendance6. Boîte où les dits fixent les êtres, où les significations font signe, où les intentions sont claires comme de l’eau et les paroles gravées dans le marbre. Lieu du rejet de l’inconscient.

Or, puisque « l’interprétation est l’inconscient même7 », notre époque est aussi parfois celle du rejet de l’interprétation. Les deux étant du même ordre8. Si l’interprétation va avec l’obscurité de la parole, elle va aussi avec l’opacité de la jouissance. Rappelons la distinction faite par Jacques-Alain Miller entre la séance analytique conçue comme unité sémantique « où S2 vient faire ponctuation à l’élaboration – délire au service du Nom-du-Père » ou comme « unité a-sémantique reconduisant le sujet à l’opacité de sa jouissance9 ».

Si notre époque se félicite de la transparence des paroles, de leur vertu à faire être, elle s’enchante aussi des jouissances déclamées, vides de toute question. La voie de la perplexité10, qui fait le terreau des interrogations, est bien à (re)considérer.

Pénélope Fay

Notes :
1 Miller J.-A., « L’interprétation à l’envers », La Cause freudienne n°32, janvier 1996, p. 5.
2 Ibid., p. 7.
3 Miller J.-A., « Le monologue de l’apparole », La Cause freudienne n°34, octobre 1996, p. 8.
4 Laurent E., « L’interprétation : de l’écoute à l’écrit », La Cause du désir n° 108, 2021, p. 59.
5 Leguil C., Consentir à l’interprétation, à lire dans ce numéro d’Ironik.
6 Ibid.
7 Miller J.-A, « L’interprétation à l’envers », op.cit.
8Ibid., « L’interprétation n’est pas stratifiée par rapport à l’inconscient, elle n’est pas d’un ordre autre ».
9 Ibid., p. 7.
10 Ibid.

Accéder directement à IRONIK ! n°51 et son contenu


SOMMAIRE :

TRAVAUX D’UFORCA

A LA UNE


Consentir à l’interprétation
Clotilde Leguil, Section clinique de Clermont-Ferrand

« J’ai intitulé mon propos d’aujourd’hui sur l’interprétation en psychanalyse « Consentir à l’interprétation »1. Je poserai en effet que l’interprétation en psychanalyse n’est possible, recevable, que s’il y a un consentement du sujet à l’interprétation. Ce consentement suppose une forme de dessaisissement de soi, sous l’effet du transfert. Le consentement à l’interprétation, c’est au fond le consentement à lâcher les amarres de la parole et à être entendu au-delà de ce que je dis. ». Lire la suite


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